Hauts-de-France
C’est un joyau du patrimoine français. Le château de Chantilly, situé dans l'Oise à moins de 50 kilomètres de Paris, abrite la deuxième collection de peintures anciennes après celle du Louvre. Professionnels et bénévoles font tout pour le faire rayonner, sans subvention de l’Etat.
"Présidentielle : la voix des régions", c'est une série d'émissions spéciales à l'occasion de l'élection présidentielle pour donner la parole aux Français. Du 31 janvier au 8 avril, durant six semaines spéciales, des journalistes du réseau RCF vont sillonner six grandes régions françaises à la rencontre des citoyens, pour entendre leur voix sur des sujets essentiels de la campagne.
Du 4 au 8 avril, la région Hauts-de-France est à l'honneur. Chaque jour dans la Matinale RCF, découvrez un reportage de 7 minutes (à 7h12). Rendez-vous le vendredi 8 avril pour une matinée spéciale (de 6h30 à 11h) en direct de Calais.
C’est un lieu absolument stupéfiant, qui se dévoile au bout d’une longue route droite qui traverse la forêt de Chantilly. Un château, des douves, des Grandes Ecuries, un domaine forestier, et un hippodrome. Cela semble figé dans une autre époque.
Ce domaine a été légué par Henri d’Orléans, le duc d’Aumale, l’un des fils du roi Louis-Philippe, dernier roi de France. À sa mort en 1897, tout a été légué à l’Institut de France dont fait partie l’Académie française. À une condition : que tout reste dans la même disposition et qu’aucune œuvre n’en sorte.
"Ici il y a 17 salles où sont accrochés 550 tableaux. Le duc d’Aumale en a racheté 854. Le musée de Chantilly est le second musée à peintures anciennes après le Louvre. C’est énorme en peinture !, souligne Ludovic Senepart, guide depuis 32 ans. Et l’accrochage est très ancien. Ici les tableaux sont collés les uns aux autres sur plusieurs étages, c’est ce qu’on appelle le touche-touche. C’est pour en imposer, montrer que vous en avez beaucoup."
Des centaines de tableaux parmi lesquels "La Vierge de Lorette" peint par Raphaël. Une collection de 60.000 livres est également à découvrir. Des lieux de vie aussi, notamment la chambre du duc d'Aumale.
Ce personnage imprègne les lieux. "C’est un goût particulier, une histoire personnelle, familiale, qui se reflète dans sa collection. Elle aussi particulièrement conforme à son lieu. L’architecture fait collection. C’est un véritable voyage qui est proposé à Chantilly", insiste Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine au musée Condé. Parmi les expositions à découvrir : une est consacrée en ce moment aux dessins orientalistes du musée.
Pour préserver la collection, il y a aussi des bénévoles et plus particulièrement l’association des amis du musée Condé, qui compte plus de 3000 membres. Ce sont les premiers mécènes du château. Ils apportent entre 150 et 250.000 euros par an pour restaurer les œuvres.
"En 1995, lorsque je suis entré au château comme administrateur, toutes les œuvres étaient en péril. Il n’y avait rien eu de fait en restauration d’œuvres depuis le décès du duc d’Aumale en 1897. C’est fondamental de préserver ces collections. Si on ne fait rien, c’est dramatique. C’est à nous de trouver les fonds pour le faire", explique le président de l'association Claude Charpentier.
Car ce qu’il faut bien comprendre c’est que ce musée n’est pas public. Mais régi par la fondation abritée de l’Institut de France, conformément au testament du duc d’Aumale.
Pourtant, de 2005 à 2019, la fondation du prince Aga Khan a permis des restaurations majeures. Il est le chef spirituel des ismaéliens qui appartiennent à un courant de l’islam. Mais depuis la fin de ses dons et la crise du Covid, les revenus sont moins élevés.
"Ce qu’on souhaite, c’est d’avoir plus d’aides de l’Etat en termes de fonctionnement, affirme Fériel Fodil, administratrice générale adjointe du château. On a aujourd'hui des subventions de l’Etat pour ce qui est des investissements, des monuments historiques. Mais il est peut-être préconisable, à terme, d’être reconnu comme d’autres institutions pour rentrer dans une sorte de convention et une consultation avec le ministère de la Culture ou avec l’Etat pour voir quelles sont les possibilités d’avoir des subventions pérennes tout en gardant notre statut de fondation abrité de l’Institut de France."
Les ressources du domaine se fondent essentiellement sur la billetterie. Mais aussi sur des événements et des locations, comme le mariage de Nabilla, star de téléréalité, dans le château l’année dernière.
Le domaine de Chantilly apparaît comme un lieu quelque peu à part. C’est un peu ce que l’on ressent sur place, tellement les lieux sont gigantesques. Car il y a aussi les grandes écuries, et ses spectacles. Mais aussi un musée du cheval.
Mais cet immense domaine est à la fois une porte d’entrée sur la ville de Chantilly et l’occulte aussi. Puisqu’il est privé, la mairie ne s’y associe que ponctuellement, à travers des événements. Caroline Godard, adjointe à la maire en charge de la culture, regrette que les visiteurs n’aillent pas plus loin que le domaine.
"Ce n’est pas forcément évident car le château est immense donc quand vous rentrez dans le parc, vous ne savez pas très bien à quelle heure vous allez ressortir et les gens n’ont pas toujours le temps de faire le tour de la ville. Il faut venir visiter Chantilly mais il n’y a pas que le château. Il y a aussi la ville, il ne faut pas l'oublier", explique-t-elle.
L'invitation à venir visiter le château de Chantilly est unanime. Un autre message revient aussi à chaque fois : l'absence totale de la culture dans le débat présidentiel.
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