Dénonçant le "mépris" et "un manque de représentativité des victimes invitées", le Père Jean-Luc Souveton a prononcé ce mardi 2 novembre des mots forts, graves, durs, devant les évêques de France réunis à Lourdes. Pour lui, c'est "un moment de bascule" qui se joue actuellement, avec une question de "crédibilité" pour l'Église vis-à-vis des victimes. "Soit ça se passe et un chemin est possible avec elles, soit ça ne se passe pas et ça va être difficile."
Figure de la lutte contre les abus sexuels dans l’Église, le père Jean-Luc Souveton a révélé en 2018 les abus dont il a été victime à l’âge de 15 ans, de la part d'un prêtre. Il pointait déjà du doigt les défaillances de l’institution et clamait dans les médias sa soif de justice. Ce mardi 2 novembre à Lourdes, il a prononcé des mots forts, souvent amers, sur un ton solennel.
Une prise de parole à huis clos, enregistrée et publiée sur la page Facebook du collectif "De la parole aux actes". "Vous attendez d’être rattrapés par les événements pour réagir ! C’est lamentable, déplorable, pathétique", a-t-il dénoncé. Après sa prise de parole, et celle de quatre autres victimes, "il y a eu un quart d’heure de silence", raconte le prêtre au micro d'Étienne Pépin. "Je pense qu’il y avait de la densité et de la gravité dans ce moment-là… J’ai senti quelque chose de l’ordre de la gravité, d’un accueil de notre parole."
"Merci et pardon", ont dit les évêques aux victimes. Deux mots qui, cependant ne suffiront pas. Pour le prêtre de Saint-Étienne, en ce moment à Lourdes, "se joue quand même la crédibilité des décisions par rapport aux victimes". Jean-Luc Souveton parle d’un "moment de bascule". "Pour les victimes, là, il y a vraiment quelque chose : soit ça se passe et un chemin est possible avec elles, soit ça ne se passe pas et ça va être difficile."
Qu’ils le proclament ! Qu’ils disent clairement : nous reconnaissons la responsabilité systémique de l’Église dans ce qui s’est passé
Désormais, l’attente de Jean-Luc Souveton porte sur "la reconnaissance de la responsabilité de l’Église". "Si cette responsabilité-là elle est nommée, elle est reconnue, alors on peut entrer dans la question de la réparation... Qu’ils le proclament ! Qu’ils disent clairement : nous reconnaissons la responsabilité systémique de l’Église dans ce qui s’est passé et du coup nous nous engageons, à partir de cette reconnaissance-là, à travailler avec l’ensemble des victimes sur comment on va pouvoir cheminer, à partir de cette reconnaissance-là, pour aborder l’ensemble des 45 recommandations du rapport Sauvé."
L'assemblée plénière se poursuit avec mercredi 3 et jeudi 4 novembre une réflexion sur l'encyclique Laudato Si', sur le thème : "Clameur de la Terre, clameur des pauvres". Elle doit s'achever le lundi 8 novembre.
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