Abus sexuels : l’Église de France dit sa "honte" et "demande pardon" aux victimes 

L’Église demande pardon aux victimes

Mgr Éric de Moulins-Beaufort a réagi tout de suite après la présentation du rapport de la Ciase, qui fait état de 216.000 mineurs victimes d’abus sexuels commis par des prêtres et religieux en 70 ans. Le président de la Conférence des évêques de France (CEF) a eu des paroles fortes : "Aux personnes qui ont été victimes de tels actes de la part de prêtres, de religieux, de religieuses ou d’autres personnes dans l’Église, j’exprime ma honte, mon effroi, ma détermination à agir avec elles… Mon désir en ce jour, est de vous demander pardon."

Qualifiant de "rude" et "sévère" le rapport de la Ciase qui lui a été remis - ainsi qu’à Sœur Véronique Margron, présidente de la Corref - il a déclaré : "L’ampleur du phénomène des violences et agressions sexuelles dans la société et dans l’Église que vous décrivez est effarante." L’évêque invite tous les catholiques à lire ce rapport et salue le "formidable" travail accompli par la Ciase. 

La parole "bouleversante" des victimes

"Nous avons entendu la voix de personnes victimes, leur voix nous bouleverse, leur nombre nous accable", a déclaré Mgr Éric de Moulins-Beaufort. La conférence de presse s'est ouverte avec la parole des victimes : d'abord des témoignages cités par Alice Casagrande, membre de la Ciase, puis l'intervention de François Devaux, cofondateur de La Parole libérée et victime de Bernard Preynat à Lyon. L’assistance a pu ressentir leur émotion, leur colère et leur détermination. Les experts de la Ciase ont évoqué la grande difficulté pour les victimes d’oser parler, de mettre des mots sur ce qu’ils ont vécu. Ce à quoi Mgr Éric de Moulins-Beaufort s’est dit sensible. "Nous mesurons aujourd’hui encore la force intérieure et le courage qu’il a fallu et qu’il faut à celles et ceux qui dénoncent les violences et agressions qu’ils ont subies."

Engagement est pris : les victimes seront désormais écoutées. "Nous, évêques, voulons assurer ceux et celles qui parleront un jour, quel qu’il soit, qu’ils seront entendus, écoutés, pris au sérieux et que leur parole ne restera pas sans effet." Mgr Éric de Moulins-Beaufort a par ailleurs rappelé que certaines décisions prises en mars dernier ont "déjà été en partie mis en place", comme la "construction d’un lieu mémoriel", la "poursuite de l’écoute des personnes victimes à l’échelle des diocèses et des congrégations mais aussi à l’échelle nationale" ou encore la "création d’un tribunal pénal canonique national".

Que fera l’Église des 45 préconisations de la Ciase ? 

Droit canon, pouvoir du prêtre, secret de la confession... Les 45 préconisations de la Ciase portent sur des domaines variés. Les réponses qu'apporteront la CEF et la Corref seront annoncées au cours du mois de novembre, à la suite des assemblées plénières des deux institutions. Le rapport Sauvé sera donc à l’ordre du jour de ces assemblées. "Nous, les évêques, allons y consacrer du temps… Nous étudierons les analyses proposées et les préconisations faites, l’évaluation donnée des mesures que déjà nous avons prises." 

La CEF va aussi se pencher sur les "relations d’autorité" au sein de l’Église, ainsi que sur le "ministère sacerdotal". "Dans leur immense majorité, [les prêtres, religieux et religieuses] sont de bons serviteurs", a souligné le président de la CEF. Et si d'aucuns avaient pointé du doigt le célibat des prêtres parmi les causes éventuelles des abus sexuels, Mgr Éric de Moulins-Beaufort n'a pas manqué de rappeler la beauté du célibat comme "choix d’amour, de délicatesse, de respect, d’humilité".