Le 14 décembre dernier, le cyclone Shido balayait l'archipel de Mayotte, faisant des dizaines de morts, des milliers de blessés et détruisant sur son passage un grand nombre d'habitations. Depuis, le président de la République et le Premier ministre se sont rendus sur l’île au contact des mahorais et ont promis une reconstruction rapide. Pour autant, le bâti n’est pas la seule préoccupation des habitants de l’île. Face à des problèmes structurels, notamment en matière d’accès à l’eau, Jean-Marc Sauvé, président de la Fondation des Apprentis d’Auteuil, préconise un plan sur un temps long.
Les dégâts causés par le passage du cyclone Chido sont encore visibles à Mayotte. Depuis le 14 décembre dernier, les débris jonchent parfois encore les rues de l’archipel. Jean-Marc Sauvé, président de la Fondation des Apprentis d’Auteuil, revient de Mayotte. Il en décrit “les bâtiments qui ont été gravement endommagés ou qui ont été mis par terre” et “les arbres qui ont été sectionnés, arrachés, déracinés”. Face à cela, il préconise un plan d’action sur un temps long, pour résoudre les problèmes “du territoire le plus pauvre de l’Union Européenne”.
Bien que cela fasse près d’un mois que le cyclone Chido a frappé de plein fouet Mayotte, la peur n’est pas encore totalement retombée à Mayotte. En cause notamment, le travail de secourisme qui semble ne jamais prendre fin. Sur les 2500 jeunes que la Fondation des Apprentis d’Auteuil prend en charge, ils sont encore nombreux à ne pas avoir été identifiés après la catastrophe naturelle. Chez les personnes que les secouristes ont pu rencontrer, Jean-Marc Sauvé décrit un trauma. “Il y a une exigence vraiment particulière d'écoute et d'accompagnement de ces personnes qui ont vécu une épreuve terrible. D'une certaine manière, ce sont des survivants.” Un travail rendu difficile par la relative inaccessibilité de Mayotte. “À la différence de la zone antillaise, Mayotte est très loin des bases militaires françaises. Je dirais que le site le plus proche, c'est La Réunion, et c'est deux heures d'avion. Pour le reste, on est à 12 heures de la métropole.”
Il y a une exigence vraiment particulière d'écoute et d'accompagnement de ces personnes qui ont vécu une épreuve terrible. D'une certaine manière, ce sont des survivants.
La vie à Mayotte essaie tout de même de reprendre son cours. La Fondation des Apprentis d’Auteuil, qui assure le fonctionnement sur l’île de plusieurs centres de formation continue et d’un lycée adapté, n’a pas encore pu recommencer à accueillir les apprenants. “La rentrée scolaire devait se faire aujourd'hui, elle se fera dans les jours prochains dans notre lycée, dans notre lycée d'enseignement adapté”. La vie quotidienne est aussi difficile en raison d’un rétablissement partiel des services. “L'eau et l'électricité ne sont pas encore, à l'heure où je parle, partout rétablis. Quand l'eau est rétablie, c'est qu'elle est rétablie un certain nombre d'heures par jour, c'est-à-dire pas plus de 10 heures par jour.”
Pour Jean-Marc Sauvé, “le passage du cyclone Chido, n'a fait qu'amplifier une situation qui était déjà très difficile”. Selon lui, les problèmes causés aujourd’hui par la catastrophe naturelle trouvent leur source dans des erreurs de gestion sur l'archipel. “Lors de mon dernier voyage, c'était en 2016, il n'y avait pas ces problèmes d'eau. La crise de l'eau est apparue en 2022-2023, et n'a pas été complètement surmontée. Elle implique des travaux tout à fait importants. L'alimentation en eau n'était déjà pas suffisante en amont du cyclone.” Au cours de leur visite, Emmanuel Macron et François Bayrou ont tous les deux promis une reconstruction rapide de l’île. Des projets irréalistes pour Jean-Marc Sauvé. Les bidonvilles ne devaient par exemple pas être reconstruits mais “15 jours après, les bidonvilles étaient largement reconstruits, notamment à partir des matériaux qui ont été soufflés par le cyclone.” Pour le président de la Fondation des Apprentis d’Auteuil, Chido doit permettre de régler les problèmes de fond à Mayotte.
Quinze jours après le passage de Chido, les bidonvilles étaient largement reconstruits, notamment à partir des matériaux qui ont été soufflés par le cyclone
Si Jean-Marc Sauvé “pense que le dispositif d'urgence, au sens large, avec les secours qui ont été mis en place et puis le projet de loi qui va être voté dans les jours qui viennent sont des réponses pertinentes”, il se fait l’avocat d’un projet à plus long terme. La Fondation des Apprentis d’Auteuil planche sur un plan d’activité future pour les années à venir. Un projet à très long terme pour solutionner, Jean-Marc Sauvé l’espère, les problèmes structurels des Mahorais.
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