Trois jours après le passage du cyclone Chido. Mayotte est plongée dans le chaos. Une course contre la montre est engagée pour venir en aide aux sinistrés dans le département le plus pauvre de France. L'organisation des secours se heurte à plusieurs défis.
Chido est le cyclone le plus intense a avoir touché Mayotte depuis 90 ans selon Météo France. Des vents ont soufflé à plus de 200 km/h. Des rafales à 226 km/h ont été relevées à Pamandzi avant rupture de la réception des données. Les appareils de mesure des stations météo n’ont pas tenu le choc.
Les conséquences du cyclone ont été dévastatrices pour le département le plus pauvre de France, en particulier sur l’habitat précaire. Les bidonvilles en bois et en tôle, où habitaient au moins 100 000 personnes ont été rayé de la carte. Le sort de ces populations inquiète particulièrement. "Les craintes sont une perte totale de l'habitat, des personnes blessées par les matériaux projetés par les vents et probablement des personnes décédées qui n'ont pas pu se mettre à l'abri dans des logements en dur" explique Manon Gallego, directrice de la mission en charge de Mayotte pour l’ONG Solidarités internationales.
Dans ces secteurs, le bilan humain sera sans doute très difficile à comptabiliser. Selon la tradition musulmane majoritaire sur place, l’on enterre les morts en 24 h et de très nombreux immigrés clandestins venus des Comores ne sont pas répertoriés.
Les secours s'organisent mais le réseau électrique est en grande partie détruit. Les communications sont extrêmement difficiles. 51 antennes du réseau mobile sur 54 sont hors service. L’aide d’urgence se déploie progressivement. Un pont aérien avec des appareils militaires est en place depuis lundi pour acheminer les renforts en hommes et matériels depuis la Réunion située à 1500 kms. Mais la Métropole est à 8 000 kms et Mayotte est isolée géographiquement. Si l’aéroport doit rouvrir au vols civils d’ici la fin de semaine, un seul port sur les deux de l’archipel est opérationnel et beaucoup de barges sont endommagées.
Les routes et rues sont encombrées de débris. "Hormis rétablir les communications et l’électricité, la priorité actuellement, c’est de dégager des accès pour pouvoir porter secours aux victimes qu'on pourrait retrouver" explique Alexandre Giraud directeur de l'action philanthropique de la Fondation de France. "On parle de centaines voire de milliers de morts peut-être, mais le nombre de blessés doit être gigantesque. Et donc il faut pouvoir aussi avoir des infrastructures de santé, trouver les victimes et les soigner".
Or, le système de santé a été très impacté, l’hôpital de Mamoudzou très endommagé. La situation est tellement chaotique que des satellites sont mis à contribution. "Les observations satellitaires fournissent des vues d'ensemble avec une résolution inférieure au mètre. Ce qui est particulièrement adapté dans des zones urbaines ou dans des zones où l'habitat est très dense, comme c'était le cas sur l'île de Mayotte" détaille Linda Tomasini, en charge de la charte internationale espace et catastrophes naturelles au CNES.
L’autre urgence prioritaire, c’est l’accès à l’eau potable. Il était déjà problématique à Mayotte depuis de nombreuses années. Le cyclone a endommagé les installations de production et de distribution. "Il faut désormais apporter de l’eau aux sinistrés pour éviter la propagation de maladies hydriques qui sont malheureusement en forte prévalence sur le département. Là, en saison des pluies, avec une catastrophe, le risque est très important" souligne Manon Galego.
Le choléra est présent à Mayotte depuis cet été et une épidémie serait apocalyptique dans les conditions actuelles avec des dizaines de victimes supplémentaires.
L’aide à Mayotte va devoir s’inscrire sur le long terme. "Il va falloir planifier une reconstruction de Mayotte en tenant compte des nouvelles données cette catastrophe" estime Alexandre Giraud
Emmanuel Macron a annoncé hier qu’il se rendra sur place dans les prochains jours.
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