“Je ne sais pas comment on va fêter Noël” : après le passage de Chido les chrétiens de Mayotte sont laissés désemparés

Depuis maintenant plusieurs jours, Mayotte se remet péniblement du passage du cyclone Chido. Sur une île où une grande majorité des habitations sont en tôle, les vents violents n’ont rien épargné. Le vicaire apostolique de Mayotte et des Comores, Monseigneur Charles Mahuza, basé à Moroni, s’inquiète notamment pour la petite communauté catholique de l’île avec laquelle il parvient à avoir quelques contacts. Alors que le nombre de morts n’est pas encore arrêté, la population de Mayotte essaie de se remettre péniblement de la catastrophe.

Une île dévastée

Tous les témoignages recueillis par Monseigneur Charles Mahuza sont unanimes : Mayotte a été dévastée par le cyclone Chido. Le vicaire apostolique s’est renseigné sur l’état du presbytère de Mayotte. On l’a averti que la construction n’avait pas résisté. “Il y a beaucoup de casse. Au presbytère des vitres se sont cassées, les arbres sont tombés dans la cour et quelques bâtiments aussi qui ont été touchés. Beaucoup de tôles se sont envolées”. Les dégâts aux infrastructures posent des questions sur la situation sanitaire de l’île. Mayotte manquait déjà d’eau mais la situation risque d’empirer. Monseigneur Mahuza alerte. D’après ses renseignements “il n'y a pas d'eau et d'électricité, sauf dans quelques quartiers. Les conditions de vie sont terribles pour la population. Mayotte est dévastée.” L’île attend l’aide humanitaire. Un pont aérien a déjà été établi depuis la Réunion pour approvisionner Mayotte. Après Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, Emmanuel Macron se rendra au contact des Mahorais et annoncera sûrement des mesures d’urgence.

Il n'y a pas d'eau et d'électricité, sauf dans quelques quartiers. Les conditions de vie sont terribles pour la population. Mayotte est dévastée.

Monseigneur Charles Mahuza s’inquiète pour les prêtres et les fidèles sous sa responsabilité sur l’île de Mayotte. Les prêtres de Mayotte sont pour l’instant sans lien avec leur hiérarchie. “Le curé est en bonne santé. Il a dû se réfugier dans la cave pour être tranquille et avoir la sécurité”. Pour autant, s'il est encore possible d’avoir de rares échanges avec des habitants de l’île, la situation est plus inquiétante pour les personnes présentes sur l’île illégalement. “Là, on n'a pas de contact, pas de relation.” Beaucoup risquent d’être laissés à leur sort après le passage du cyclone.

Des chrétiens minoritaires

C’est une situation particulièrement difficile à appréhender pour le vicaire apostolique, qui représente déjà une minorité de personnes à Mayotte et aux Comores. “Numériquement, nous sommes une goutte dans l'océan. Vraiment une goutte. Les chiffres officiels qui sont en ma possession, c'est 6000. 6000 chrétiens pour tout l'archipel. Et parmi ces 6000, il y en a 4000 qui sont à Mayotte.” Le reste de la population de l’archipel est principalement musulman. Le contexte religieux est particulier à Mayotte puisque la loi de 1905 ne s’y applique pas.  Le vicaire apostolique affirme tout de même que la solidarité entre confessions est bien présente.

Cela faisait environ 80 ans que Mayotte n'avait pas connu une telle catastrophe, et en particulier une catastrophe humaine. D'après les dernières informations le bilan humain se chiffrerait en milliers. Un deuil national a été décrété par Emmanuel Macron pour rendre hommage aux Mahorais victimes de la catastrophe naturelle.