Après le discours de clôture de l'assemblée des évêques de France, une conférence de presse s'est tenue ce mardi 8 novembre à 14h. Conférence au cours de laquelle il a été question des mesures prises suite à l’affaire Santier. Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre a aussi évoqué les débats à venir sur la fin de vie et le message que l’Église catholique entend porter. Mais c’est surtout ce que l'on appelle désormais "l’affaire Ricard" qui a dominé les échanges avec les journalistes.
Un certain nombre de questions se posent autour des aveux du cardinal Ricard, qui a avoué s’être "conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans", il y a 35 ans. Quelle est la gravité des actes ? Quand la Conférence des évêques de France en a-t-elle eu connaissance ? Suite à ses aveux, Mgr Ricard va-t-il démissionner de la Congrégation pour la doctrine de la foi ? Cette dernière question, Mgr de Moulins-Beaufort la renvoie au principal intéressé. "C'est à lui de voir ça, de savoir ce qu'il veut faire."
La lettre dans laquelle Jean-Pierre Ricard formulait ses aveux a été reçue le 6 novembre au soir par les évêques réunis à Lourdes. "Moi j’ai appris cela par un coup de téléphone de Sœur Véronique Margron, alors que j’étais à Rome, en février de cette année", a déclaré Mgr de Moulins-Beaufort. Véronique Margron est la présidente de la Corref, la Conférence des religieuses et religieux de France, l’une des deux instances, avec la CEF, l’origine de la Ciase (la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église). "Je suis en lien avec la personne qui a été victime, qui a contacté Véronique Margron", a assuré le président de la CEF, qui a aussi rappelé que "cette personne souhaite ne pas être identifiée".
Si Mgr Ricard a attendu pour faire ses aveux, Éric de Moulins-Beaufort y voit "un effet de maturation", une "prise de conscience de l’effet de ce qui s’était passé et il a abouti à la capacité de le dire et de le reconnaître publiquement". "Le cardinal Ricard ne parle pas que sous la pression du signalement, a-t-il précisé, il est dans un certain contexte." Le président de la CEF rappelle que cela revient au procureur la décision de tenir secrète une procédure.
À noter, ce mardi 8 novembre, que le parquet de Marseille a justement révélé par voie de communiqué de presse que Mgr Jean-Philippe Nault, évêque de Nice depuis le 9 mars 2022, a saisi la justice le 24 octobre dernier sur le cas du cardinal Ricard. Il a en effet signalé "avoir reçu en février 2022 une copie de courrier de parents se montrant virulents envers Mgr Ricard suite à sa désignation pour diligenter une enquête sur des foyers d’accueil". En février 2022, Jean-Pierre Ricard avait en effet été choisi par le pape François pour diriger les Foyers de charité à la suite des révélations d'abus de son fondateur Georges Finet. Le communiqué du parquet de Marseille précise : "À la suite de ce courrier Monseigneur Ricard aurait reconnu auprès de ce prélat avoir « embrassé » il y a plus de 40 ans la fille de ce couple dont il aurait célébré plus tard le mariage religieux."
Dans sa conférence de presse du lundi 7 novembre, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a déclaré qu'actuellement onze évêques ont été ou sont mis en cause dans des affaires d'abus. Parmi eux, trois sont encore anonymes. "Personnellement j’aimerais bien que tous ceux qui parmi nous se sont rendus coupables d’actes de ce genre le fassent connaître d’eux-mêmes", a déclaré à leur sujet le président de la CEF.
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