La parole des victimes a été le point de départ de l'enquête menée par les 22 experts de la Ciase. La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église remet son rapport ce mardi 5 octobre. Alors que l’on annonce un "tsunami" et des révélations difficiles, qu’attendent les victimes du rapport Sauvé ? Étienne Pépin a recueilli le témoignage de Brigitte Navail, victime d'abus sexuels dans l'Église, membre du collectif Foi et résilience.
"Toutes les personnes victimes, je pense, nous vivons ces jours difficilement et douloureusement, confie Brigitte Navail, et en même temps nous voyons un peu le bout du tunnel… La vérité va être dite." Au cours des deux ans et demi d’enquête, les 22 experts de la Ciase ont travaillé à partir de la parole des victimes. 250 d’entre elles ont été entendues au cours d’entretiens. "On a pris la parole, on a pu dire ce qui nous habitait depuis très longtemps." Et cela n’a pas toujours été simple de "dire et redire" les mêmes mots.
Comment en est-on arrivés là ? Comment un scandale d’une telle envergure a-t-il pu se produire ? Après la reconnaissance, ce que les victimes attendent du rapport Sauvé ce sont des explications. Qu’est-ce qui a "permis que les prédateurs passent à l’acte de manière importante, nombreuse, et qu’il n’y ait pas eu de réaction de l’institution" ? Pour Brigitte Navail, il faut "questionner en profondeur ce qui a permis que ces horreurs se déploient". Et faire en sorte que cela ne se reproduise pas.
Membre du collectif "Foi et résilience", Brigitte Navail entend se battre pour "que tous ensemble, tous les fidèles, tous les prêtres, tous les évêques, nous essayions de retrouver une Église d’abord qui permette de protéger le plus fragiles et les plus faibles et puis qu’on sorte de cette culture de l’abus qui a brisé des vies".
Annoncé pour octobre 2022, puis reporté à octobre 2023, le synode sur la synodalité (sur le thème "Pour une Église synodale : communion, participation et mission") est "une chance" à saisir pour Brigitte Navail. "Il faut qu’on retrouve dans l’Église une culture du débat." En attendant 2023, on peut tout simplement relire les textes produits lors du concile Vatican II. "Parce qu'il y a tout dans Vatican II, sur la coresponsabilité des baptisés, sur l’égale dignité des baptisés, sur le ministère presbytéral qui est un ministère au service de la communauté et non pas un ministère qui sépare et qui met les prêtres à part…"
Pour changer les choses, on pourra s’appuyer sur "le savoir expérientiel" des victimes, savoir "dont elles se seraient bien passées", avance Brigitte Navail. "Mais finalement dans notre chair et dans ce qu’on a vécu on porte cette expérience qui peut aider à faire avancer l’Église pour que tous ensemble on soit plus fidèles à l’Évangile."
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