Marine Le Pen, l’ex-présidente du RN, a été condamnée lundi 31 mars à deux ans de prison ferme et à cinq ans d'inéligibilité avec application immédiate, dans le cadre du procès des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen. Cette décision hypothèque sa candidature à l’élection présidentielle de 2027. L’ex-candidate à la présidentielle a annoncé qu'elle ferait appel. Elle s’exprimera ce soir durant le 20 heures de TF1.
Fin novembre 2024, le parquet avait requis à l’encontre de l’ancienne candidate à l’élection présidentielle cinq ans de prison, dont deux ferme, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité avec une exécution provisoire. Marine Le Pen a quitté la salle d’audience sans attendre la fin de la lecture du jugement.
Au cours de la lecture du jugement, le tribunal a mis en avant le "rôle central" de Marine Le Pen dans le système de détournement de fonds du Parlement européen mis en place par le FN — puis le RN. Il lui est reproché d’avoir embauché, lorsqu’elle était eurodéputée de 2004 à 2017, quatre assistants fictifs, qui auraient en réalité travaillé pour le FN et non pour l’activité parlementaire européenne, contrairement à ce qui est requis pour les collaborateurs.
Marine Le Pen a aussi été jugée au centre d’un système de détournement de fonds du Parlement européen au profit du FN puis du RN de 2004 à 2016, notamment en utilisant les enveloppes mensuelles des eurodéputés au mépris des règles démocratiques.
Le tribunal dit avoir "pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l’ordre public, en l’espèce le fait qu’une personne déjà condamnée en première instance soit candidate à l’élection présidentielle". Il a condamné la députée du Pas-de-Calais à quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme aménageables sous bracelet électronique, à 100 000 euros d’amende et à une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate.
Le parti du Rassemblement national a, quant à lui, été condamné à 2 millions d’euros d’amende, dont 1 million d’euros ferme, ainsi qu’à la confiscation d'1 million d’euros saisis durant l’instruction de l’affaire des assistants parlementaires européens. Les 23 autres prévenus ont été déclarés coupables de recel et condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à quatre ans, dont deux ans ferme. Un seul prévenu a été relaxé.
Dans la classe politique française, les réactions se multiplient, notamment sur X, où Jordan Bardella a déclaré : “Aujourd’hui, ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c’est la démocratie française qui est exécutée.” L’ex-présidente du RN bénéficie également du soutien de Marion Maréchal, qui estime que Marine Le Pen “menait notre camp sur le chemin de la victoire. C’est sa seule culpabilité, c’est bien pour cela qu’elle est condamnée.”
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c’est la démocratie française qui est exécutée.#JeSoutiensMarine
— Jordan Bardella (@J_Bardella) March 31, 2025
De l’autre côté de l’hémicycle, les opinions sont partagées. Tandis que Jean-Luc Mélenchon déclare que “la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple. C'est à cela que servirait le référendum révocatoire dans une 6e République démocratique”, Marine Tondelier se félicite que “la justice est la même pour tout le monde.”
Je m'associe pleinement à la déclaration de la coordination du mouvement insoumis. Et j'ajoute : la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple. C'est à cela que servirait le référendum révocatoire dans une 6e République démocratique.
➡️ https://t.co/hIYz2q96gD pic.twitter.com/ypLI1FtGGO— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 31, 2025
À l’étranger, les partis d'extrême droite dénoncent une atteinte à la démocratie. Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres d'Italie et chef de la Ligue d’extrême droite, parle d’une “déclaration de guerre de Bruxelles.” Le Kremlin a, quant à lui, déploré une “violation des normes démocratiques”, a déclaré Dmitri Peskov lors de son briefing quotidien.
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