Syrie
Alors que le monde entier s'émeut des photos de bébés retrouvés dans les décombres du séisme en Turquie et en Syrie, l'aide internationale peine à arriver sur les lieux du drame. Mobilisées, les Églises locales fournissent des produits de première nécessité. On craint désormais la propagation d'épidémies dans les abris où vivent les populations déplacés.
Un bébé de 21 jours retrouvé ce samedi vivant dans les décombres en Turquie, un nouveau-né sauvé in extremis en Syrie... Les photos qui circulent sur internet de ces petits miracles disent en contraste toute l'ampleur du drame. Six jours après les puissants séismes qui ont frappé la Turquie et la Syrie, le bilan humain ne cesse de s’alourdir. On dénombrait lundi soir plus de 35.000 morts, 31.000 en Turquie et plus de 3.600 en Syrie selon les autorités du pays.
L’Église envoie des ingénieurs pour voir si les maisons des familles sont sécurisées pour rentrer chez eux
En plus du nombre effroyable de morts, on estime à plus d’un 1,3 million le nombre de personnes déplacées. Et comme "on ne voit toujours pas une réponse internationale", déplore Xavier Bisits, chef de projet Syrie et Liban pour l’Aide à l’Église en détresse (AED), "pour le moment c’est vraiment l’Église qui répond aux besoins de première urgence", comme fournir du lait pour les enfants ou de la nourriture pour les déplacés. Le 10 février, l’AED annonçait "débloquer un demi-million d’euros pour une aide immédiate aux chrétiens de Syrie".
Ceux qui vivent sur la zone sismique et dont la maison ne s’est pas effondrée ont peur de rentrer chez eux car les bâtiments qui ne sont pas détruits ont pu être fragilisés. Pour certains, "ça va prendre des mois pour faires les réparations", observe Xavier Bisits. Il explique que "l’Église envoie des ingénieurs pour voir si les maisons des familles sont sécurisées pour rentrer chez eux". Mais "il y a toujours des petits tremblements…"
Un autre danger guette, la propagation d'épidémies car les conditions sanitaires sont bien souvent déplorables. Et la situation est particulièrement préoccupante en Syrie, pays qui porte encore les stigmates de la guerre. Xavier Bisits a pu se rendre dans les ruines de Latakia dans le nord-ouest du pays, où des milliers de personnes sont entassées dans un stade. "J’ai visité un stade qui était complètement plein avec je pense peut-être 2.0000 personnes, il n’y a pas de douches, il n‘y a pas d’eau chaude. Donc on a vraiment peur qu’il y ait des maladies qui se dispersent, surtout le choléra." Il y a un an, en décembre 2022, une épidémie de choléra s’était propagée dans le nord de la Syrie. "On avait commencé à combattre, raconte Xavier Bisits, mais probablement ça va être pire maintenant qu’il y a autant de gens qui vivent tous ensemble dans le même local sans facilités sanitaires."
Pour que l’Église locale puisse venir en aide aux populations, elle doit rebâtir les centres sociaux et aussi les églises et les couvents. En Turquie, la ville d'Antakya, ex Antioche, berceau du christianisme des premiers siècles, est désormais un champ de ruine. "Antioche c’est catastrophique", s’exclame Xavier Bisits. On se demande même si on va pouvoir rebâtir la ville. Fondée en 300 av. J.-C., la ville a traversé les époques et connu plusieurs tremblements de terre, pratiquement un par siècle. Parmi les plus meurtriers, celui de 526, où 250.000 personnes avaient alors péri.
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