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Ariane 6 vs SpaceX : quel avenir pour l'Europe dans l'aérospatial ?

Ariane 6 vs SpaceX : quel avenir pour l'Europe dans l'aérospatial ?

Un article rédigé par Anaïs Binghinotto, Emilie Balla - RCF, le 27 février 2025 - Modifié le 27 février 2025
Le dossier de la rédactionAriane 6 vs Space X : quel avenir pour l'Europe ?

La nouvelle fusée européenne Ariane 6 aurait dû décoller du centre spatial de Kourou en Guyane, mercredi 26 février, mais son premier vol commercial a été reporté au 3 mars. L’Agence Spatiale européenne peut-elle concurrencer le géant américain SpaceX, l'entreprise d’Elon Musk fondée en 2002 ?

©WikiImages / Pixabay©WikiImages / Pixabay

Le premier vol de la fusée européenne Ariane 6 approche. Mais avant d’atteindre les étoiles, retour sur les enjeux et l’importance d'une présence française et européenne dans l'espace.

L'espace, un voyage aux multiples enjeux 

La fusée Ariane 6 doit permettre le lancement d'un satellite d'observation militaire, appelé CSO-3, placé en orbite à 800 km d'altitude. Mais si l’espace ne dessert pas seulement l’armée, il est devenu indispensable dans notre quotidien. "Aujourd’hui, c’est primordial d’avoir cet accès à l’espace parce qu’il y a les applications chaque jour pour l’ensemble des Français et des Européens qui y sont liés, on le voit pour la géolocalisation, les GPS, etc.", observe Olivier Bugnet, sous-directeur au Centre national d'études spatiales (CNES). "Notre GPS européen qui s'appelle Galileo a été envoyé par une fusée européenne, c’est important de le souligner", ajoute-t-il.

C’est primordial d’avoir cet accès à l’espace. 

La présence européenne dans l'espace est utile à plusieurs égards, comme "le réchauffement climatique, où la moitié des constantes qui servent à le mesurer sont accessibles uniquement depuis l’espace, la recherche scientifique et la télécommunication", insiste Olivier Bugnet.

Ariane 6, une fusée européenne attendue

Le lancement d’Ariane 6 a quelques jours de retard sur la date prévue. "Il n’y a pas d'inquiétude à avoir, il s’agit seulement d’ajustements de dernière minute, des changements de pièces sur le véhicule qui n'avait pas les conditions de sécurité requises", assure Olivier Bugnet. L’important est de montrer que l'on reste dans la course car pour l’ingénieur, "c'est une question d’indépendance. C’est stratégique, la France est leader en Europe sur le lancement des fusées. Ariane 6 est une réussite commerciale puisqu’une trentaine de lancements sont déjà prévus à la vente. Ariane 6 possède des lanceurs fiables et compétiteurs par rapport à SpaceX."

C'est une question d’indépendance. 

Le vol inaugural du 9 juillet 2024, s’est plutôt bien passé, mais il s’agit désormais de démontrer que le lanceur est aussi fiable que son prédécesseur Ariane 5. "On a la capacité aujourd’hui d’avoir deux lanceurs, Ariane 6 et Vega C. C’est vraiment une force pour l’Europe", révèle Benjamin Peter, responsable de l’actualité spatiale à la Cité de l’espace.

Un coût plus élevé en Europe

Bien que le lanceur européen marque une progression notoire dans l’histoire spatiale du Vieux Continent, Benjamin Peter rappelle que l’on "compare ce qui n’est pas comparable" quant aux moyens outre-Atlantique. Il soutient que "l’on se compare à une société privée qui envoie des Falcon 9, le lanceur spatial développé par la société américaine SpaceX dont la dernière version peut placer une charge utile de 22,8 tonnes, tous les deux à trois jours. Il peut également être réutilisable, ce qui en fait la plus grande force de ce lanceur. Ainsi, le booster principal peut revenir et peut être réutilisé à l’envi. Certains ont été réutilisés jusqu’à 20 fois, ce qui crée des économies considérables.”

On compare ce qui n’est pas comparable. 

En effet, la production d’un lanceur réutilisable n’est pas d'actualité en Europe. Lorsqu’une fusée européenne décolle, le lanceur est perdu, et doit de nouveau être assemblé. Un choix coûteux mais réfléchi selon Benjamin Peter qui certifie que "si l’on attend d’avoir un lanceur européen réutilisable nous savons que pendant les années qui viennent nous n’aurons plus aucun accès à l’espace". Mais cette idée n’a pas été abandonnée, car le journaliste affirme que "la France et l’Europe continuent la recherche et le développement pour bénéficier dans quelques années d'un lanceur réutilisable".

Entre l'Europe et les USA : qui mettra le prix fort ?

Les Américains demeurent plus performants, mais la France qui a, certes, des améliorations à apporter, n’est pas en reste face à la première puissance mondiale. En effet, Ariane 6 possède un moteur Vinci qui a la possibilité de redémarrer à quatre reprises et peut porter des charges multiples lors d’un même lancement.

 Il faut compter entre 70 et 115 millions d’euros par lancement. 

Le problème central de l’innovation spatiale reste son prix. Il faut compter entre 70 et 115 millions d’euros par lancement selon la version utilisée, alors que cela coûte la moitié pour SpaceX. Benjamin Peter dévoile cependant que "des logiques ont été pensées pour faire des économies. Par exemple, les propulseurs d'appoint d’une Ariane 6 sont les mêmes qui font le corps central d’une fusée Vega-C, un lanceur léger de l'Agence spatiale européenne (ESA). Nous pouvons donc récupérer des éléments ou les produire de manière à ce que certains servent aux deux lanceurs".

Une façon de se rapprocher des prouesses technologiques et économiques de SpaceX qui réutilise jusqu'à 15 à 20 fois le premier étage de sa fusée. Benjamin Peter s'inquiète toutefois des prix que pourra proposer l'entreprise américaine au vu de ses économies. "Ils vont casser les prix et proposer des vols défiant toute concurrence", se questionne-t-il.

Le prochain lancement aura donc lieu le 3 mars prochain. L'Armée de l'Air va déployer pour l’occasion des avions de combat Rafale et des aéronefs de soutien pour sécuriser le lancement. 

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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