Au lendemain des législatives, l'urgence de la fraternité

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF, le 8 juillet 2024 - Modifié le 9 juillet 2024
Émission SpécialeAu lendemain des élections, quel avenir pour la fraternité en France ? 2/2

Au lendemain du second tour des élections législatives, les Français semblent plus divisés que jamais. Dans ce contexte, quel avenir pour la fraternité ?  Un entretien avec Camille Rougier (Lutte et Contemplation), Karine Foret (EDC, Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) et Manon Rousselot-Pailley (MRJC - Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne). Toutes les trois échangent au micro de Stéphanie Gallet.

Des milliers de personnes se sont réunies place de la République à Paris pour fêter les résultats aux élections législatives. Banderole "L'amour triomphera" © Benoît Fatou / Hans LucasDes milliers de personnes se sont réunies place de la République à Paris pour fêter les résultats aux élections législatives. Banderole "L'amour triomphera" © Benoît Fatou / Hans Lucas

Dimanche 7 juillet, au soir du 2ème tour des élections législatives, une grande banderole était déployée Place de la République à Paris : L’amour triomphera. La conviction est partagée, partout dans notre société nous avons besoin de fraternité. Après plusieurs semaines où la société s’est divisée comme jamais, il nous faut retrouver le goût du commun, cultiver nos liens et cet esprit de fraternité qui fait le sel de notre pays.

Au lendemain des élections législatives un sentiment doux amer

Karine Foret (EDC), Manon Rousselot-Pailley (MRJC)  et Camille Rougier (Lutte et contemplation) partagent le même soulagement : l’extrême droite ne l’a pas emporté. Pourtant Camille Rougier insiste, “les 33% de Français qui ont pu voter Rassemblement national ne disparaissent pas” et il va falloir travailler pour renouer avec eux.
Karine Foret se dit pleine d'espérance, car la participation a augmenté de 20%.” Le sens de l’engagement renaît”. Pour Camille Rougier” les gens ne sont pas indifférents, ils ont été sensibles au cri d’alarme sur la justice sociale et la réduction des inégalités.” Elle salue “le surgissement de l’inattendu dans cette élection qui permet d'espérer dans l’avenir.”
Pourtant les jours qui viennent restent dominés par l’incertitude. Karine Foret et Manon Rousselot-Pailley, s'interrogent toutes les deux sur la capacité de nos dirigeants à coopérer et à faire ensemble.

le surgissement de l’inattendu dans cette élection permet d'espérer dans l’avenir.

La fraternité ça s'apprend

Le MRJC le mouvement rural de la jeunesse chrétienne est un mouvement d'éducation populaire animé par des jeunes de 13 à 30 ans. Un lieu d'éducation, d'épanouissement et de croissance où les jeunes prennent goût au politique. Manon Rousselot-Payet raconte comment “comprendre ensemble ce qui régit nos vies et décider ensemble ce qu'on voudrait pour nos vies : créé un sentiment de collectif qui donne l'impression de pouvoir déplacer des montagnes.” Au MRJC, explique-t-elle, “l’apprentissage de la fraternité est parallèle à l'apprentissage de la responsabilité. C’est un lieu où l'on apprend à animer le conflit, à ne pas être grignoté mais mis en mouvement par sa colère.“

Pour Karine Foret, vice-présidente des EDC les Entrepreneurs et dirigeants chrétiens, “l'entreprise a un rôle majeur à jouer car l’entreprise est un lieu où le lien social est fort. On ne choisit pas ses collègues,  la première chose qu'on apprend c'est donc à se faire confiance. On ne peut pas avancer si on ne se fait pas confiance et l'étape d'après c'est la confrontation. On échange et on trouve un commun et le commun trouvé on s'engage et on prend des responsabilités. Autant d'étapes indispensables pour créer de la fraternité autour d'un projet."

Camille Rougier de Lutte et contemplation insiste elle aussi sur l'importance de la confiance, condition de la fraternité.
Le mouvement Lutte et contemplation est fortement inspiré des jésuites et de la spiritualité ignatienne. Dans ce collectifs, les participants apprennent à “sauver la proposition de l’autre 
et donc toujours présumer l'autre du meilleur.”

La fraternité c’est politique 

Pour Camille Rougié, il faut donner une matérialité politique à la charité. Articuler l'écologie et le social permettra de résoudre ces clivages qui se sont accentués ces dernières semaines. Cela peut permettre de réinstaurer du lien et de faire vivre la fraternité. Karine Foret rappelle de son côté que nous avons besoin d’une vision politique et qu’il y ait adhésion à un projet que l’on mène en commun. Enfin pour Manon Rousselot-Pailley, il faut réussir à coopérer, à faire des ponts, des alliances à l'Assemblée Nationale mais aussi dans l’ensemble de la société civile. Pour les nouveaux élus, l'enjeu c'est clairement de faire République. L'extrême droite a imposé son agenda politique ces dernières semaines, il importe de remettre sur la table ce que l'on défend et pas seulement ce que l'on combat. Nous avons besoin de voir cette fraternité mise en pratique. 

Partout où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. Hölderlin

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