Toulouse
Ce week-end, près de 10 000 personnes ont défilé contre le projet d’autoroute A69 entre Castres et Toulouse qui fait débat. L’évacuation d’une ZAD dimanche 22 octobre a occasionné plusieurs blessés parmi les manifestants et les forces de l’ordre. Julien Dezécot, directeur de publication du média Sans transition a suivi cette actualité.
La dizaine de milliers de participants à la manifestation de ce week-end contre le projet de l'autoroute A69 ont tenté de s’opposer avec force à l’évacuation d’une zone à défendre (ZAD), établie dans la nuit de samedi à dimanche à l’est de Castres. L’objectif : créer un lieu d’occupation sur le modèle de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, en espérant l’abandon du projet comme ce fut le cas pour l’aéroport nantais.
Ce projet autoroutier est soutenu par l’État, la Région et les milieux économiques locaux, mais il est jugé « climaticide » par ses opposants. Des tirs de grenades lacrymogènes ont atteint les d’opposants, qui ont répliqué par des jets de cailloux. Selon la préfecture, neuf interpellations ont été effectuées et six membres des forces de l’ordre blessés. Thomas Brail, le militant en grève de la faim et de la soif désormais contre le projet a dû être évacué sur une civière.
Des collectifs écologistes comme Extinction Rébellion exhortent à une véritable suspension du chantier le temps d’une médiation indépendante. Ils soulignent que « la construction de cette autoroute A69 va détruire des centaines d’hectares de terres fertiles, d’arbres, de faune et de végétation, pour polluer davantage par l’augmentation du nombre de voitures attendues ».
Ils déplorent que, malgré l’avis défavorable rendu par l’Autorité environnementale qui juge ce projet anachronique, malgré celui du Conseil national de protection de la nature (CNPN), qui pointe les lacunes de l’étude d’impact de ce projet et malgré les alertes des scientifiques dont la climatologue de renom Valérie Masson-Delmotte, le gouvernement persiste sur ce projet.
Un sondage IFOP réalisé auprès des habitants du Tarn et de Haute-Garonne, publié le 19 octobre pour le compte des collectifs d'opposants, montre que 61 % des habitants sont favorables à l'abandon du projet d'autoroute A69, alors même qu'ils le jugent utile. Utile mais pas indispensable en somme.
Autre chiffre marquant de ce sondage réalisé auprès d'environ 600 habitants, montre que 82 % des personnes interrogées soutiennent l'organisation d'un référendum local, une bonne manière de sortir par le haut de cet épineux conflit. Comme le souligne le ministre des Transports, Clément Beaune : "On ne peut pas faire comme avant : pour les projets qui sont en cours, on va réduire leur impact sur l'environnement. Ça vaut pour l'A69, et pour les projets qui ne sont pas encore lancés, on va en maintenir quelques-uns qui sont utiles, et on va en arrêter certains. On va continuer cet effort : plus de rail, et moins de route". À ce stade, la notion d’utilité publique est loin d’être partagée par tous les acteurs.
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