La convention citoyenne sur la fin de vie démarre ce vendredi 9 décembre. Pendant quatre mois, 175 citoyens vont devoir faire des propositions au gouvernement en vue d'une éventuelle loi en 2023. Alors que l’avis du Conseil consultatif national d'éthique (CCNE) publié en septembre déplore "une mise en œuvre très insuffisante de la législation en vigueur", l'une des premières missions va être de faire connaître aux citoyens les dispositifs déjà existants.
Il faut sortir d’une pensée binaire, souligne Nathalie Leenhardt, ancienne directrice du journal protestant Réforme : "Le débat ne se résume pas à trouver d’un côté les défenseurs de vie et de l’autre les partisans de la liberté jusqu’au bout." D’après elle, l’organisation de la Convention citoyenne permet justement de mener une réflexion éclairée : "Les 175 citoyens devront d’abord lire un document qui résume les dispositifs déjà existants et les nouvelles propositions qui doivent être discutées. Ils rencontreront des médecins, des soignants, des philosophes. Je salue que la parole ait été donnée aux responsables religieux chrétiens, juifs et musulmans."
La convention citoyenne sur la fin de vie semble garantir la neutralité du débat, se réjouit Samuel Lieven, directeur de la rédaction du journal catholique Le Pèlerin : "L’euthanasie ébranle l’un des premiers interdits religieux, l’interdit de tuer. Il semble que notre président philosophe ait pris en compte toute la gravité de la question en cours de route, alors même qu’il voulait faire de l’euthanasie son trophée sociétal. Il y a une volonté que les réflexions au sein de la convention citoyenne s’écartent de tout obscurantisme idéologique, en témoigne la présence des garants internationaux de la neutralité du débat."
Le CCNE invite à améliorer les soins palliatifs avant toute réforme, une réalité peu connue par les français, déplore Nathalie Leenhardt : "Il y a une énorme méconnaissance des Français sur le sujet. Les sondages démontrent que la question est pensée de manière binaire. Or, pour mener une réflexion éclairée, il est nécessaire de savoir ce qui existe déjà dans la loi Claeys-Leonetti comme la sédation profonde et continue, les directives assistées et le refus de l’obstination déraisonnable."
Il faut bien distinguer les enjeux, alerte Samuel Lieven : "Si jamais la législation évolue, il ne faut pas confondre la peur d’une mort atroce avec la peur d’une vie atroce. Il ne faudrait pas qu’une trop grande ouverture amène à inclure la dimension existentielle, c’est-à-dire la difficulté à vivre, qui est un autre sujet." Il reste néanmoins important d’écouter les patients, comme l’indique Nathalie Leenhardt : "La législation doit prendre en compte toutes les possibilités, même celles qui concernent quelqu’un qui, alors qu’il est condamné, souhaite en finir pour abréger ses souffrances. Mais avant de légiférer à nouveau, il faut se donner les moyens d’accompagner les personnes qui vont mourir."
On peut craindre un scénario similaire à celui de la Convention citoyenne sur le climat en 2020, regrette Nathalie Leenhardt : "Après la non prise en compte des propositions faites par les citoyens lors de la convention citoyenne pour le climat, je ne crois pas beaucoup plus à la convention citoyenne sur la fin de vie. Cependant, elle permet que les gens se sentent concernés par le sujet, qu’ils en parlent entre eux." La question reste entière pour Samuel Lieven : “Les gens ont-ils été consultés pour apaiser les esprits ou endormir les consciences ?"
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