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COP 16 : quels enjeux pour l’avenir de la biodiversité ?

RCF, le 22 octobre 2024 - Modifié le 22 octobre 2024
Le dossier de la rédactionCOP 16 : quels enjeux pour la biodiversité ?

La COP 16 sur la biodiversité s’est ouverte ce lundi à Cali en Colombie. Les états participants ont jusqu’à 1er novembre pour finaliser la mise en œuvre des plans de protections et de restauration de la nature pour 2030. Mais de nombreux points de blocages restent à lever. 

Plongée au dans la réserve marine de Banyuls dans les Pyrénées-Orientales. Crédit photo : Martin Bertrand / Hans Lucas.Plongée au dans la réserve marine de Banyuls dans les Pyrénées-Orientales. Crédit photo : Martin Bertrand / Hans Lucas.

196 pays membres participent à cette COP 16 de Cali en Colombie. Ils ont jusqu'au 1er novembre pour s'accorder sur la mise en œuvre des objectifs de sauvegarde et de restauration de la nature d'ici 2030. L’effondrement du vivant sur la planète se confirme de façon inquiétante au fil des rapports. Dernier en date, publié le 10 octobre, le rapport Planète vivante du WWF montrait une diminution de 73 % de la faune sauvage en 50 ans. 

Les services gratuits de la nature menacés

Le réchauffement du climat est l’une des causes principales de la disparition des espèces avec la pollution, la déforestation et les changements d’utilisation des terres. La destruction de la nature attise les conflits, la faim et les maladies, alimentent la pauvreté, les inégalités et la crise climatique, et nuit au développement durable et au PIB selon l’ONU. "Or, ce sont des services gratuits offerts pas la nature à l’humanité comme la Pollinisation, la purification de l'air, l’assainissement des eaux ou encore la capacité à trouver de nouveaux médicaments" rappelle Arnaud Gilles, responsable du plaidoyer pour les négociations internationales au WWF. 

Une trentaine de pays ont rédigé leur stratégie d'action

Le secrétaire général de l’ONU presse donc les états membres de "passer de la parole aux actes".  Il y a deux ans lors de la COP 15 à Montréal une feuille de route avait été rédigée pour planifier les objectifs de protection et de restauration de la faune et de la flore d’ici 2030. "Est-ce qu'on est sur la bonne voie pour atteindre ces objectifs ? On avait demandé aux pays de soumettre leurs stratégies nationales. Il s'agit de faire l'analyse de cette ambition" rappelle Juliette Landry responsable de recherche sur la gouvernance internationale de la biodiversité à l’IDDRI. Seulement une trentaine de pays ont pour le moment dévoilé leur stratégie d’action. Une centaine d’autres ont fait part de leurs objectifs. Le rythme pour tenir l’objectif est lent. Ce qui inquiète les ONG de protection de la nature.

Des reculs en France pour protéger la biodiversité

"Il y avait un objectif phare le 30 par 30, qui consiste à dire qu'on va protéger en 2030 30% des terres et 30% des mers de la planète. Alors en 2022, on était pour les mers autour de 8,16%, et aujourd'hui, deux ans plus tard, on n'a jamais protégé qu'à peine 8,35%. Donc vous voyez, en deux ans, on a progressé de quelques centièmes de pourcentage, et c'est très décevant" s’alarme Arnaud Gilles. La France a envoyé son plan sa stratégie nationale pour la biodiversité, mais le WWF relève certains signaux contradictoires envoyé par Paris ces derniers mois. "On observe plusieurs décisions qui ne vont pas dans le bon sens, notamment les reculs qui ont été actés en début d'année en matière de sortie des pesticides" pointe Arnaud Gilles.

Où en est le financement pour 2030 ?

C’est l’une des principaux points de frottements entre pays du Nord et du Sud. "À la COP 15, on avait calculé à 700 milliards de dollars la nécessité chaque année pour la biodiversité. Et il y avait eu un tour de passe-passe en disant, on va rediriger 500 milliards de subventions nocives et on va rajouter 200 milliards. Les pays dits du Sud les moins avancés, dans le langage onusien, on leur promet 20 milliards de dollars d'ici 2025 et 30 milliards d'ici 2030. Et on n'y est pas, bien sûr" souligne Catherine Aubertin, économiste de l’environnement directrice de recherche à l'Institut de recherche pour le développement, affectée au Muséum national. Autre question qui va gérer ce financement ? Les pays du Sud demandent un fond qui ne soit pas géré uniquement par les grands pays industrialisés.

Vers une prise de conscience générale? 

Cette COP 16 est la plus grande jamais organisée avec 140 ministres et douze chefs d'État sont attendus. « Ce qui montre une prise de conscience. On sent un véritable appétit, un véritable intérêt de la part du secteur privé, de la société civile, des populations autochtones et communautés locales » estime Juliette Landry. A Cali, il s'agira de démontrer que les promesses seront tenues avant la grande COP 29 sur le climat, dans trois semaines en Azerbaïdjan. La ministre de l'Environnement de Colombie, présidente de cette COP 16 a insisté sur la nécessité d'un "changement conceptuel de valeurs".

 
 

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