Cette année la COP 28 a lieu au pays du pétrole qu'est Dubaï, aux Émirats arabes unis. Ces conférences parviendront-elles à dissiper le tabou qui plane autour de cette question de la sortie des énergies fossiles ? En parallèle, l'objectif de cette COP sera de réaliser le bilan des contributions des 198 États participants qui luttent contre le réchauffement climatique, 8 ans après l'Accord de Paris. L'enjeu de ce rassemblement politique est ambitieux : comment parvenir à concrétiser cette idée d'une justice climatique dans le monde ?
En 2015 le traité de l'Accord de Paris, adopté par 196 Parties à l'époque, visait à limiter le réchauffement global au seuil des 2 degrés environ. Or, huit ans après l’adoption de l’Accord de Paris, quel est le bilan pour les États membres de la COP ? Les engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont-ils été tenus ?
Selon le service Copernicus de l’Union européenne sur le changement climatique, la température moyenne à travers le monde, entre janvier et octobre 2023, a dépassé celle de l'ère préindustrielle. Au-delà de ce bilan, il sera donc nécessaire que les États Parties rehaussent leurs engagements climatiques. Mais comment faire ? Car pour espérer réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone ; il s'agirait de sortir des énergies fossiles.
Jusqu'à présent, la question de la fin de l’extraction du pétrole et du gaz n'a jamais été inscrite à l’agenda des COP. Contrairement à celle du charbon, dont la sortie progressive avait été actée au cours de la COP 26 à Glasgow en Écosse, en 2021. La question qui fâche se pose alors : la décision d'une sortie éventuelle du gaz et du pétrole des États Parties sera-t-elle prise lors de la COP 28 ? Une COP qui se tient par ailleurs chez l’un des plus gros pays producteurs d’hydrocarbures du monde, en plus d'être encadrée par la présidence du PDG d'une importante compagnie pétrolière.
Cela paraît peu probable... d’autant que les lobbyistes de la filière sont de plus en plus présents lors des COP et se retrouvent, pour certains, au cœur des délégations des États. Même si, au cours de cette COP, la mise en place d'un calendrier programmant la sortie du pétrole et du gaz paraît illusoire, peut-être pourrait-on espérer que ce tabou sur la nécessité d'en sortir sera levé ?
Ces questions laissent apparaître, en toile de fond, l'enjeu fort auquel ont été confrontées les précédentes COP : celui de tendre vers un projet de justice climatique concret. A ce sujet, une avancée avait eu lieu au cours de la COP 27, avec la décision de la création d’un fond pour les pertes et dommages. C'est-à-dire, un fond qui concernerait toutes les conséquences des pertes irréversibles dues au changement climatique, notamment dans les pays pauvres.
Lors de la COP 28, il s’agira de passer du principe aux détails de la mise en œuvre concrète de ce plan d'action. En matière de justice climatique, la COP est également appelée à avancer sur la question du financement de l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, le sujet de l'aide à l'adaptation au changement climatique pour les pays du Sud sera de nouveau abordé. Avec, concrètement, cette promesse des 100 milliard par an déjà faite par les pays riches et à destination des pays du Sud, à Copenhague en 2009.
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