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COP16 : un accord historique, mais des efforts encore nécessaires

COP16 : un accord historique, mais des efforts encore nécessaires

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 3 mars 2025 - Modifié le 4 mars 2025
L'Invité de la MatinalePhilippe Grandcolas décrypte l'accord de la COP16 sur la biodiversité

En novembre 2024, en Colombie, les négociations avaient échoué. Alors, rebelote : les États membres de l'ONU se sont retrouvés à Rome la semaine dernière pour une nouvelle réunion de la COP16 sur la biodiversité. Ils ont finalement trouvé in extremis un compromis jeudi 27 février. Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS, décrypte les avancées de cette COP.

Philippe Grandcolas ©DrPhilippe Grandcolas ©Dr

La présidente de la COP16, Susana Muhamad, s’est réjouie de l’accord trouvé, déclarant qu’il s’agit "d’un jour historique pour la biodiversité". Celui-ci prévoit un plan de financement pour la protection de la nature, plus de 20 ans après la signature, en 1992, de la Convention sur la diversité biologique au Sommet de la Terre à Rio.

Un problème de financement

La COP16, qui s'est ouverte fin octobre à Cali, en Colombie, avait été suspendue avant de reprendre le mardi 25 février en Italie. "Ce qui a bloqué, c’est la question du financement des mesures qui doivent être prises, notamment pour arriver à financer des aires protégées", explique Philippe Grandcolas. Le directeur de recherche au CNRS définit la biodiversité comme un bien commun et prend l’exemple de la forêt amazonienne : "Certains peuvent penser qu'on n'est pas concerné par la disparition de l'Amazonie. C'est une hérésie sur le plan éthique et une absurdité sur le plan écologique, puisque nous en dépendons pour le maintien d'un climat viable à la surface du globe."

Ce qui a bloqué, c’est la question du financement des mesures qui doivent être prises, notamment pour arriver à financer des aires protégées

L'accord approuvé jeudi 27 février prévoit 200 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour les dépenses mondiales de protection de la nature. La somme paraît importante, mais elle doit être mise en perspective avec l'ensemble des aires qu'il faut protéger sur la planète. Philippe Grandcolas rappelle le cadre mondial pour la diversité établi lors de la COP15 : "On a à peu près 30 % d’aires protégées, que ce soit au niveau terrestre ou au niveau marin. C’est colossal." Chaque création d’une aire protégée nécessite une modification de la législation ainsi que l’emploi de personnel pour surveiller et suivre l’évolution de cet espace.

Des progrès nécessaires dans le secteur agricole

Dans l’encyclique Laudato si’, le pape François écrit au paragraphe 42 : "Toutes les créatures sont liées, chacune doit être valorisée avec affection et admiration. Tous, en tant qu'êtres, nous avons besoin les uns des autres." Les aires protégées ont pour objectif de préserver l’ensemble de la biodiversité qui s’y trouve. Pourtant, Philippe Grandcolas souligne que leur niveau de protection est encore insuffisant. "Par exemple, on a des aires marines dans lesquelles le chalutage de fond est autorisé. C’est une absurdité totale. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire."

Il y a une forme de schizophrénie de la part de nos gouvernements, qui, d'un côté, négocient bec et ongles, et de l'autre, prennent des mesures sans cesse rétrogrades en matière d'environnement.

L’accent doit également être mis sur la réduction des pollutions liées aux pesticides, selon le directeur de recherche au CNRS. Il déplore la suspension du plan Ecophyto en France en février 2024, qui visait à réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici 2030. "Il y a une forme de schizophrénie de la part de nos gouvernements, qui, d'un côté, négocient bec et ongles, et de l'autre, prennent des mesures sans cesse rétrogrades en matière d'environnement."

Poursuivre les efforts malgré l'absence des États-Unis

Les États-Unis s’étaient retirés de l’Accord de Paris dès la première semaine de la présidence de Donald Trump. Malgré les décisions néfastes du gouvernement américain en matière d’environnement, les autres acteurs doivent poursuivre leurs efforts pour la protection de la biodiversité. "C'est la tragédie des communs : quand on a des biens communs et qu'un certain nombre d’acteurs trichent ou se comportent mal, on est bien obligés d’agir malgré tout. Si tous les acteurs adoptent de mauvaises pratiques, la situation se dégradera encore plus vite." Pour Philippe Grandcolas, il ne reste plus qu’à espérer que le prochain gouvernement des États-Unis sera favorable à la protection de l’environnement et de la biodiversité.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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