Haute-Savoie
Depuis plusieurs semaines les traiteurs, restaurateurs, et spécialistes de l’événementiel subissent des annulations en cascade, à cause de la cinquième vague de Covid-19. Un phénomène accentué depuis lundi et l’incitation du gouvernement au télétravail et à ne pas faire de pots de fin d’année dans les entreprises. Les professionnels du secteur ne sont donc vraiment pas dans leur assiette.
"On tremble quand le téléphone sonne." Voilà une phrase qui pourrait résumer l’état d’esprit actuel des traiteurs. En cause : des clients, principalement des entreprises, qui ne feront finalement pas leur repas de fin d’année et donc qui annulent leur commande. Aucune règle stricte n’a été fixée. Mais lundi, le Premier ministre Jean Castex a incité les entreprises à recourir au télétravail 2 à 3 jours par semaine et à lever le pied sur les festivités de fin d’années. Jean Castex a aussi annoncé la fermeture des discothèques pour 4 semaines, à partir de vendredi 10 décembre. Les moments festifs sont fortement réduits, avec l’objectif de profiter de Noël plus sereinement.
Des annonces relativement souples mais qui n'ont pas de quoi rassurer les professionnels de l'événement ou les traiteurs. L’association Traiteurs de France, qui regroupe 37 traiteurs haut-de-gamme, recense 700 réceptions annulées sur toute la France pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros.
"Nos journées en ce moment c’est faire et défaire. Ce matin j’ai eu une confirmation d’un dossier et puis à midi ils ont annulé. Quand mon équipe logistique remplit le camion et qu’hier on nous dit qu’on annule, et bien on défait le camion… Pour les équipes c’est extrêmement compliqué. Mon équipe est complètement abattue et je ne sais pas quoi leur dire", se désole Emilie Durand qui gère la maison Abeille Royale près de Montargis.
C’est un phénomène qui touche toute la France. À Brest, le traiteur Denis Chanoit tente de rester optimiste. Mais les pertes financières sont bien réelles. "Ce mois-ci ça fait 50 % en moins. Là les coups de fil n’arrêtent pas de tomber. Certaines boîtes ont reporté leur repas au mois d’avril. [...] Ça compense la perte mais ça ne fait pas le chiffre d’affaires non plus.", regrette-t-il.
Pour les restaurateurs aussi, c'est comme une impression de déjà-vu, avec un sentiment d’être de retour en 2020 avec le confinement. Si les restaurants ne sont pas fermés, ils subissent aussi des annulations à cause de l'épidémie. S’est ajouté un manque à gagner avec cette nouvelle incitation au télétravail. "Moi j’appelle ça une fermeture déguisée puisqu’à partir du moment où on remet du télétravail, c’est des déjeuners en moins. Ça ne facilite pas l’activité des restaurateurs : c’est plus de pots, plus de moments de convivialité dans les entreprises", témoigne Franck Delvau, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) en Île-de-France.
Selon lui, 70 % des restaurateurs en France sont aujourd'hui concernés par ces annulations. Les hôteliers eux aussi, à hauteur de 45 % en Île de France. Beaucoup craignent de ne pas avoir beaucoup de clients pour le réveillon du 31 décembre.
Toutes ces raisons poussent les traiteurs et les restaurateurs à demander à l'état de réactiver ses aides, comme le fonds de solidarité. L'association Traiteurs de France a plutôt bon espoir. "On se sent soutenu par Bercy. Nous on demande la réactivation des mesures de soutien aux entreprises, autant au niveau social que financier. Et puis, nous, au moment où ça va aller mieux, on a un temps de reprise qui est de deux ou trois mois. C’est pour ça que c’est important qu’on soit soutenu sinon on va se planter", regrette sa trésorière Émilie Durand.
Une réunion a eu lieu mercredi au ministère de l'Economie avec les représentants syndicaux des filières. Le gouvernement semble prompt à aider les discothèques qui sont fermées. Il a annoncé la prise en charge de leurs coûts fixes. Pour les traiteurs et restaurateurs, il faudra faire au cas par cas car ils ne sont pas fermés administrativement.
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