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Derrière la mobilisation agricole l’enjeu des élections des chambres d’agriculture 

RCF, le 10 janvier 2025 - Modifié le 13 janvier 2025
Le dossier de la rédactionCrise agricole : derrière la mobilisation des enjeux électoraux

Un an après la mobilisation de grande ampleur de janvier 2024. L’impatience est toujours aussi importante grande chez les agriculteurs. C’est dans ce contexte de crise que se tiennent les élections des chambres d’agriculture du 15 au 31 janvier. Les challengers de la FNSEA souhaitent faire bouger les lignes. 

Tracteur de la Coordination rurale lors d'une manifestation le 6 janvier 2024 en Ile de France. Crédit photo : Bastien Ohier / Hans Lucas.Tracteur de la Coordination rurale lors d'une manifestation le 6 janvier 2024 en Ile de France. Crédit photo : Bastien Ohier / Hans Lucas.

Du 15 au 31 janvier, environ 2 millions de votants : agriculteurs actifs ou retraités, salariés agricoles et propriétaires fonciers sont appelés aux urnes. Sur fond de crise agricole persistante, ils doivent désigner leurs représentants au sein des 88 chambres départementales et interdépartementales d’agriculture et des 13 chambres régionales. La colère des exploitants n'a pas baissé et en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale, la loi d'orientation agricole n'a pas été adoptée. 

La FNSEA largement majoritaire

Actuellement la FNSEA, alliée aux Jeunes agriculteurs en détient l’écrasante majorité : 97 chambres sur 101. Ce quasi-monopole est lié d’abord à l’histoire de ce syndicat. "Pendant plusieurs décennies, la FNSEA a été le seul syndicat agricole, puisque qu’il a été créé à la sortie de la guerre. Ca lui a conféré une place centrale que finalement les nouveaux syndicats n'ont pas menacé après" rappelle Véronique Lucas, sociologue du monde rural à l’INRAE. Autre facteur, le scrutin est majoritaire, la liste arrivée en tête obtient la moitié des sièges, l'autre partie étant attribuée au prorata selon les résultats. Mais cette hégémonie est de plus en plus contestée par les syndicats conçurent comme la Confédération paysanne plus à gauche qui détient une chambre, mais surtout la Coordination rurale classée plus à droite et prompte à des actions coup de poing. Ce syndicat né au début des années 90 d'une scission de la FNSEA, préside trois chambres.

La Coordination rurale vise une trentaine de chambres

Les fameux "bonnets jaunes" espèrent en remporter une trentaine sur ce scrutin à la faveur de la colère des agriculteurs et des différentes mobilisations depuis un an pour les revenus, la simplification administrative et contre l’accord de l'UE avec le MERCOSUR. "Dans ce contexte, la FNSEA apparaît particulièrement challengée donc ça crée un peu d'incertitude" relève Véronique Lucas. Néanmoins, pour elle, le facteur le plus important "est plutôt le taux d'abstention aux dernières élections en 2019. Il est passé sous la barre des 50 %. Et il faut plutôt s'attendre à une hausse". La campagne officielle a démarré le 8 janvier au lendemain de nouvelles mobilisations de la Coordination rurale. "Les premières mobilisations qui ont eu lieu en janvier 2024 n'étaient pas organisées par des syndicats. Dans la perspective du scrutin, ils se sont empressés de reprendre la main sur la mobilisation agricole pour garder de la visibilité".

Pourquoi le contrôle des chambres d'agriculture est un enjeu ?

Ces établissements publics centenaires, ont participé à la transformation de l'agriculture du remembrement à la révolution mécanique et chimique en passant par les aides de la PAC. Concrètement, elles conseillent les exploitants, les informent des évolutions réglementaires, leur proposent de formation et conseils. "Mais l’enjeu est surtout politique et financier" rappelle Véronique Lucas. "On mesure la représentativité des différents syndicats et de là va dépendre la répartition des fonds publics alloués aux syndicats et aussi un certain nombre de mandats, de postes, de sièges pour représenter la profession dans un certain nombre d'instances, notamment publiques" précise-t-elle. 

À l'heure actuelle, 75 % des 14 millions d'euros du fonds alloué au financement des syndicats sont répartis en fonction du nombre de voix et 25 % selon le nombre de sièges. En 2021, la Cour des comptes avait appelé à une "évolution" de la gouvernance des chambres afin de favoriser la pluralité syndicale". La Confédération, paysanne a, de son côté appelé, début décembre 2024, à instaurer la proportionnelle pour ces élections


 

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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