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Diplômés de grandes écoles : faut-il dire adieu au salaire en s’engageant ?

Un article rédigé par Amaury Perrin - RCF, le 10 mai 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Je pense donc j'agisDiplômés de grandes écoles : faut-il dire adieu au salaire en s’engageant ?

La réussite professionnelle est depuis longtemps assimilée à des revenus élevés. Pourtant, de plus en plus, les jeunes comme les moins jeunes semblent en quête d’autre chose et font passer l’épanouissement avant le salaire. Notamment, c’est l’engagement et le sens dans la vie professionnelle qui permettent aux travailleurs de s’épanouir. Alors le salaire est-il toujours synonyme de réussite et d’épanouissement ?

Illustration d’un bulletin de paie © Magali Cohen / Hans LucasIllustration d’un bulletin de paie © Magali Cohen / Hans Lucas

La vision du travail comme simple source de revenus est aujourd’hui dépassée. Pendant de nombreuses années, l’engagement se faisait surtout à côté, en dehors du travail. Désormais, la vie professionnelle doit avoir du sens et en accord avec les valeurs du salarié. Selon une étude du 4 avril 2023, menée par le NewGen Talent Centre de l’EDHEC, plus d'un tiers des jeunes diplômés de grandes écoles se dit correspondre au "profil engagé", face aux profils entrepreneur et compétiteur. De plus, 51 % d’entre eux estiment que l’alignement des valeurs de l’entreprise avec les leurs renforce l’engagement au travail. Enfin, pour la moitié de ces jeunes diplômés, l’impact environnemental est la transformation la plus attendue du côté des entreprises. 

 

 

L’engagement par le travail, nouvelle exigence des jeunes actifs 

 

En sortie d’études, de nombreux jeunes commencent à travailler pour des aspects économiques. Mais pour Nathanaël Garric, prêtre et auteur de Vivre pour quoi ? Pour qui ? aux éditions Salvator, "après quelques années, des questionnements arrivent et certains misent sur le salaire, d’autres choisissent le sens avant tout". Comme l’explique Manuelle Malot, directrice des carrières et du NewGen Talent Centre de l’EDHEC Business School, "les jeunes sont souvent centrés sur les enjeux du monde et motivés par l’intérêt général". C’est pourquoi l’impact positif de leur activité professionnelle est essentiel. "Pour eux, c’est comprendre à quoi sert leur quotidien et leur travail", complète celle-ci. 

 

"Le sens du travail est une question universelle", pour Nathanaël Garric. En effet, l’Homme se pose naturellement la question de pourquoi il vit et de pourquoi il travaille ; "il y a une dimension de cohérence entre les choix professionnels et les choix de vie". D’après lui, "il faut un travail qui va au-delà de soi". D'ailleurs, l’idéal type de l’engagement est pour beaucoup l’humanitaire, mais il existe d’autres façons de s’engager. "Certains plaquent tout, d’autres restent dans leur entreprise et changent les choses. Entre les deux, on peut aussi se reconvertir ou faire une transition professionnelle", indique Fabien Sécherre, porte-parole de Jobs that make sens

 

 

Gagner bien en s’engageant plus : la vraie demande des diplômés ?

 

"Le mouvement est aujourd’hui accompagné d’une non-opposition entre sens et salaire", affirme Manuelle Malot. Les jeunes auraient trois exigences professionnelles : pouvoir se développer sur le plan personnel, contribuer utilement à la société et avoir des revenus acceptables. S’épanouir au travail tout en travaillant dans une grande entreprise n’est désormais plus incompatible. Beaucoup d’entreprises évoluent et s’engagent sur les plans écologique, social et solidaire. Ainsi, de moins en moins de jeunes travailleurs sont touchés par ledit "syndrome déceptif", causé par "la différence entre ce qui est écrit sur le papier et la réalité que l’on vit", explique la directrice des carrières de l’EDHEC. 

 

Cependant, la volonté d’avoir un certain niveau de revenus est systémique et il n’est pas évident de s’en défaire au profit du bien-agir. "Quand on sort d’école, on est un peu formaté et on se pose forcément des questions", estime Pierre Dussart, directeur de l’Ecole de Production Automobile de Lens. Pour cet ancien de l'école Centrale, l’argent est certes important, mais mieux vaut "considérer son capital par rapport à ses expériences vécues puisque c’est ce qui compte sur le marché du travail". Qui plus est, Fabien Sécherre considère, en se fondant sur une étude sur les salaires des cadres, que "la différence de salaire entre l’économie sociale et solidaire et le secteur conventionnel n’est que de 10 % à poste équivalent". 

 

 

Des obstacles à franchir

 

Nathanaël Garric insiste notamment sur le sentiment d’insatisfaction. "Il faut porter un regard positif sur ce ressenti et se demander pourquoi on a une attente qui n’est pas comblée". Faire des concessions et renoncer à des acquis n’est pas tâche facile et se fait après un temps de réflexion. Cependant, "beaucoup de personnes font de très belles choses après de tels questionnements", ajoute-t-il. Mais Fabien Sécherre insiste : "un juste équilibre peut se trouver entre la rémunération, l’impact social que l’on peut avoir, l’équilibre vie professionnelle et personnelle, ainsi que la reconnaissance et les perspectives d'évolution". 

 

Par ailleurs, la question du temps joue beaucoup. "On a du mal aujourd’hui à prendre le temps nécessaire à la prise de choix", estime Pierre Dussart. Le temps file rapidement, d’autant plus quand on mêle vie personnelle, vie familiale et vie professionnelle. Parfois, une forme de pression sociale peut même se faire ressentir et l’âge n’aide pas. "Les choix que l’on fait à 20 ans ne sont pas ceux que l’on ferait à 40 ans", indique Nathanäel Garric. Mais sauter le pas peut apporter une réelle satisfaction et changer les choses en bien. "J’ai l’impression d’avoir choisi une nouvelle place dans la société, d’avoir une autre lecture et compréhension du monde", termine Pierre Dussart.

 

Écoutez la seconde partie de Je pense donc j'agis consacrée au burn out

 

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