Citoyens, sortons de nos abris, de nos quiétudes ! Aux armes, non point celles des obscurantistes mais celles de l’amitié sociale, pour reprendre l’expression de François dans son encyclique, Tous frères.
La barbarie, jamais, ne passera. Libres, nous le sommes et voulons ardemment le rester. Aucune anesthésie ne nous endormira si d’aventure nos valeurs républicaines se révélaient en danger. L’heure est celle des actes et non des mots comme le rappelle justement le chef de l’Etat.
Des actes pour faire reculer les misères nourricières des fondamentalismes et des intégrismes qui embrigadent l’homme dans des idéologies qui l’asservissent.
Il n’y a d’ouverture au plus humain et au plus divin que là où nous menons un combat pacifique pour s’ouvrir à cette source de liberté qui, seule, transforme les relations. Les événements tragiques et récurrents que connaissent nos sociétés mettent en exergue de tristes et misérables sires qui se cachent pour faire surgir de funestes desseins.
Les Misérables, titre d’un film qui donne à voir les misères d’un territoire stigmatisé qui ne peut être perdu pour la République, sauf à l’abandonner à ceux-là mêmes qui veulent imposer une autre loi que celle traversée par la charte des droits de l’homme.
Stéphane intègre la brigade anticriminelle de Montfermeil, dans le 93. Ses deux coéquipiers, blasés et usés par cette violence quotidienne, l’attisent à leur insu pour ne point parvenir à prendre du recul. L’un d’eux n’avouera-t-il pas qu’il a ‘pété les plombs’ après avoir utilisé volontairement un flash ball contre un jeune qu’il a arrêté et menotté.
Stéphane ira à la pharmacie pour apporter les premiers soins à ce jeune qu’un de ses coéquipiers a blessé.
La communauté des jeunes entend se venger des ‘bacqueux’. Soudain, Stéphane, armé, se trouve face à ce jeune qui brandit une torche, aux fins d’enflammer l’espace dans lequel ils se sont réfugiés. Ils sont en grand danger.
Stéphane baisse son arme, le jeune éteint la torche. Le cinéaste rappelle alors les mots de Victor Hugo dans Les Misérables : « Il n'y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs ».
Cultiver les conditions nécessaires pour offrir de la vie ne passe pas d’abord par les forces de l’ordre, mais bien par la suppression de ce désordre qu’est la ghettoïsation barrant tout avenir, à l’image même de ces longues et hautes barres.
Aussi, s’impose la nécessité de faire du neuf qui, seule, donnera l’énergie constructive à ceux qui, enfermés dans ces lieux, tentent d’exister. Que de facilités pour les ennemis de la République d’imposer leur loi et leur violence clanique.
Victor Hugo rappelle que son livre, Les Misérables, publié il y a près de 160 ans, n’avait d’autre but que la fraternité comme base et le progrès pour cime.
Cette fraternité, ne nous appelle-t-elle pas à ce que ces lieux du ban que sont les banlieues deviennent à part entière des lieux où l’hétérogénéité aurait enfin droit de cité, comme le rappelait ‘One’, retenu à La Sorbonne pour l’hommage au professeur Samuel Paty : Nous sommes différents, mais nous devons nous soutenir.
Ce progrès pour cime ne traduit-il pas cette conviction que c’est ensemble que nous construirons la cohésion sociale, d’où l’urgence de détruire ce qui la ronge.
Les liens sociaux brûlent. Comme Stéphane, baissons les armes et mobilisons-nous aux fins de reconstruire nos cités. Loin d’être une charge, il s’agira d’un investissement pour faire société, plus encore Nation, afin que nos valeurs républicaines traversent l’ensemble du territoire.
Ne nous dérobons pas à cette urgente citoyenneté. Il en va du respect de notre République, une et indivisible.
Bernard Devert
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