François Bayrou a prononcé mardi 14 janvier son discours de politique générale. Durant une heure et demie, le locataire de Matignon a balayé les thèmes principaux qu'il souhaite traiter avec son gouvernement : réforme des retraites, immigration, budget, principe de proportionnalité… Retour sur les grandes annonces.
À l'instar de la déclaration de politique générale de Michel Barnier du mardi 1er octobre, François Bayrou a fait face à une assemblée très animée tout au long de son discours.
Le Premier ministre a débuté en dressant le portrait de sa situation et de celle de son gouvernement. L'absence de majorité et les nombreuses crises auxquelles fait face la France, notamment son endettement, appellent au courage, a souligné le Premier ministre. "Cette situation est un atout. Quand tout paraît mal, on est contraint au courage. Le besoin, l'exigence que le pays nous assigne nous obligent à chercher à retrouver la stabilité." François Bayrou a rappelé que la France n'avait jamais été aussi endettée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et que, par conséquent, le gouvernement doit s'engager à réduire et contenir cette dette. Il a également souligné que tous les gouvernements ainsi que les partis d'opposition ont contribué à cet endettement.
Cette situation est un atout. Quand tout paraît mal, on est contraint au courage. Le besoin, l'exigence que le pays nous assigne nous obligent à chercher à retrouver la stabilité.
Le locataire de Matignon a poursuivi en décrivant un monde instable dans lequel la France évolue. "Nous avons basculé dans un monde nouveau et dangereux. Nous sommes passés d'un monde de la force de la loi au monde de la loi de la force." François Bayrou a qualifié la guerre en Ukraine de règne de la force brutale et a dénoncé le soutien apporté par l’Iran et la Corée du Nord à Vladimir Poutine. Le Premier ministre a également mis en garde contre la domination de la Chine et des États-Unis, tant dans le domaine technologique, économique que diplomatique. "Ces grandes puissances, c'est à nous de leur signifier qui nous sommes." Il a appelé à s’unir derrière l’Europe pour exister face à ces puissances. "L'indépendance de la France dépend de celle de l'Europe, la prospérité de la France dépend de celle de l'Europe."
François Bayrou a composé son gouvernement avec des poids lourds de la politique, notamment deux anciens Premiers ministres pour le ministère de l'Éducation et des Outre-mer. Son message : ce sont les grandes priorités de son gouvernement. "L'engagement pour les Outre-mer n'a jamais été porté aussi haut dans notre histoire. Nos compatriotes devaient être promus au rang de toutes premières préoccupations de notre pays." Le Premier ministre a appelé son équipe gouvernementale à porter un message clair : "L'intérêt général doit dépasser les préférences partisanes. Je pense que la société civile doit avoir sa voix à ce chapitre."
L'engagement pour les Outre-mer n'a jamais été porté aussi haut dans notre histoire. Nos compatriotes devaient être promus au rang de toutes premières préoccupations de notre pays.
Les urgences fixées par le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale sont : adopter le budget de l'État et de la Sécurité sociale, mettre en place les conditions de la stabilité du gouvernement et refonder l'action publique du pays. Il a rappelé que les changements de gouvernements ont bloqué la mise en œuvre de réformes et de mesures cruciales pour le pays. "Notre situation de blocage n'est pas seulement financière, elle est aussi politique. Des milliers de recrutements sont suspendus, le soutien pour la Nouvelle-Calédonie empêché."
Le Premier ministre est revenu sur la réforme des retraites. Il a rouvert le débat, mais dans des conditions très encadrées. "Je remets le sujet en chantier avec les partenaires sociaux. La démarche s'appuiera sur un constat et des chiffres indiscutables. Je demande à la Cour des comptes de donner l'état précis du financement du système des retraites." Le locataire de Matignon a fixé une échéance à l'automne 2025 pour trouver un nouvel accord. "Je souhaite qu'un accord soit trouvé, mais si ce n'est pas le cas, c'est la réforme actuelle qui sera appliquée."
Je remets le sujet en chantier avec les partenaires sociaux. La démarche s'appuiera sur un constat et des chiffres indiscutables. Je demande à la Cour des comptes de donner l'état précis du financement du système des retraites.
Le Premier ministre a aussi abordé l’adoption du budget pour l’année 2025. La prévision de croissance est désormais fixée à 0,9 % pour 2025, contre 1,1 % initialement. François Bayrou ne souhaite pas pour autant changer l'objectif de revenir à 3 % de déficit en 2029. Par ailleurs, l’effort demandé aux collectivités sera réduit : il passera de 5 milliards d'euros, comme envisagé par le gouvernement Barnier, à 2,2 milliards. Le Premier ministre a également évoqué des réformes du système électoral. Il souhaite que les partis politiques et les syndicats "puissent se financer sans avoir besoin de passer par des stratégies de contournement." Il a appelé à la création d’une banque de la démocratie afin que le financement des partis politiques et de leurs campagnes ne dépende plus des choix des banques privées. François Bayrou s'est par ailleurs déclaré en faveur du principe proportionnel. "Le mode de scrutin doit être enraciné dans les territoires."
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