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Édito de Frédéric Mounier - Benoît XVI laisse le champ libre au pape François

RCF, le 3 janvier 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Le point de vue de 7h20Édito de Frédéric Mounier - Benoît XVI laisse le champ libre au pape François

Presque dix ans après avoir renoncé à sa charge, en février 2013, le 265e pape s’est éteint, au sens propre, comme le laissait entendre, ces derniers temps, son fidèle secrétaire, Mgr Gänswein. 

Le pape Benoît XVI en 2010 ©Wikimédia commonsLe pape Benoît XVI en 2010 ©Wikimédia commons

 


Programmation spéciale en hommage à Benoît XVI

Joseph Ratzinger s'est éteint le 31 décembre 2022, à l'âge de 95 ans. Il avait été élu pape le 19 avril 2005 sous le nom de Benoît XVI et avait renoncé à cette charge huit ans plus tard. Qui était Benoît XVI ? Quelles images garderont de lui les catholiques et le monde ? La rédaction de RCF vous propose une programmation spéciale en hommage au pape émérite.

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Ses derniers mois avaient été marqués par la tristesse du décès de son cher frère Georg, lui aussi prêtre. Et puis, par les accusations, en Allemagne, d’inaction face à des cas d’abus commis par des prêtres, alors qu’il était archevêque de Munich, dans les années 80. Le vieux pape émérite avait alors puisé dans ses dernières réserves d’énergie pour démentir ces accusations… Avec le recul, on peut dire aujourd’hui que Benoît XVI a été un grand pape méconnu. Lors de son élection, en effet, le 19 avril 2005, certains avaient craint l’arrivée sur le Siège de Pierre d’un véritable "berger allemand", d'un "Panzer cardinal"... Il n’en a rien été.

 

 

Benoît XVI, désespéré de la possible disparition de Dieu, n’a eu de cesse d’appeler à l’alliance entre la foi et la raison, entre l’espérance évangélique et l’esprit critique

 

 

Benoît XVI, lanceur d'alerte avant l'heure

 

Au fil de ses huit brèves années de pontificat, chacun a pu constater l’extraordinaire acuité intellectuelle de ce grand théologien. Son humilité a vite fait le tour du monde. Mais aussi sa lucidité sur l’évolution de ce monde. Il avait parfaitement compris que la diffusion conjuguée de ce que j'ai appelé "les ismes de Benoît XVI" : l’individualisme, l’hédonisme, le consumérisme, le libéralisme libertaire, tout cela attisé par une prime permanente à l’émotion... Eh bien tout cela aboutirait à désintégrer les liens de base essentiels à la cohésion de toute société, créant ainsi une forme de "société liquide", où chacun survit, désemparé, comme un bouchon au fil de l’eau, avec une prime aux plus forts.

 

Face à ce constat, Benoît XVI, désespéré de la possible disparition de Dieu, n’a eu de cesse d’appeler à l’alliance entre la foi et la raison, entre l’espérance évangélique et l’esprit critique. Finalement, lanceur d’alerte avant l’heure, épuisé par l’impossibilité à gouverner une Curie romaine devenue véritablement folle d’elle-même, sans véritable soutien, Joseph Ratzinger a décidé, le 28 février 2013, de renoncer à sa charge. Autrement dit, de rompre avec la tradition suivie par ses prédécesseurs, notamment Jean-Paul II, qui avait décidé de vivre son pontificat bien au-delà de ses forces, rappelant à l'époque que "Jésus n’était pas descendu de la croix", mais livrant dans le même temps ainsi le Siège de Pierre à des groupes de pression bien peu spirituels. 

 

Benoît XVI laisse le champ libre au pape François

 

Quelque part, aujourd’hui, à nouveau, Joseph Ratzinger se retire. Il laisse ainsi le champ libre au pape François. Car durant ces dix années de cohabitation, en quelque sorte, au sein du plus petit État du monde, les deux papes, au-delà de leur entente proclamée, se faisaient de l’ombre. Ou du moins leurs affidés, comme dans une cour de la Renaissance - ce que n’a jamais cessé d’être le Vatican. À plusieurs reprises, certains ont fait dire à Benoît qu’il désapprouvait François, notamment dans ses volontés de réforme de l’Église. Mais, au fond, nul n’en saura jamais rien. 

 

Désormais, à 86 ans, François est un pape libre. Mais il continuera le combat, notamment contre la pédocriminalité, qu’avant lui Benoît XVI avait inauguré. Et aussi contre ceux que le vieux pape bavarois appelait "les loups" : ce combat-là, qui est en fait un combat contre le Diable, n’est jamais fini, surtout au cœur de l’Église. Benoît l’avait parfaitement compris. François aussi…

 


Frédéric Mounier, producteur de l'émission Les Racines du présent sur RCF, est journaliste spécialiste du Vatican. Il a été le correspondant permanent à Rome du journal La Croix, il est l'auteur du livre "Le pape qui voulait changer l'Église" (éd. Presses du Châtelet, 2021).

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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