Aujourd’hui, c’est le jour de l’été, celui de la fête de la musique, une envie de légèreté flotte, une envie de vacances aussi... Sur les plages, les premiers estivants vont débarquer, prêts pour les barbecues et autres apéros. Les randonneurs vont lacer leurs chaussures, avides de grand air et de hautes cimes. L’ambiance n’est plus vraiment à l’actualité sombre et tout le monde aimerait fermer les écoutilles, oublier les risques environnementaux majeurs qui nous menacent, l’horreur de ces bateaux de migrants qui tentent, au péril de leur vie, de rejoindre les côtes européennes ou la guerre en Ukraine. Et pourtant...
Comment effacer Poutine de nos esprits ? Les cyberattaques venues de Russie, le sort des opposants au dictateur qui n’a que faire des vies humaines ? Je suis frappée combien cet homme, à lui seul, fait peur, me fait peur.
Et combien, souvent, m’est venue à l’esprit cette pensée étrange : Pourquoi un commando n’a-t-il pas encore mis fin à ses jours ? Comment n’y-a-t-il pas eu une révolution de palais et les règlements de comptes qui vont avec ? Étrange sentiment quand on est adhérente de l’Acat, l’association chrétienne d’abolition de la torture et de la peine de mort... Étrange sentiment pourtant largement partagé. Quand on aborde le sujet, beaucoup d’interlocuteurs avouent la même pensée...
C’est pourquoi j’ai été passionnée par l’interview, paru dans L’Obs, de Mathilde Philip-Gay, qui vient de publier "Peut-on juger Poutine?". Que raconte cette juriste ? Mathilde Philip-Gay est formelle. Elle l’a dit à ses étudiants et le redit à ses lecteurs dans son livre : "La vie des dirigeants et des membres de leur famille est protégée en droit international." Elle le réaffirme clairement : nous sommes sommés de respecter l’intégrité physique de Poutine quand bien même, d’après les services secrets américains, lui-même envisagerait de faire assassiner Zelensky.
Les démocrates n’agissent pas comme le tyran. D’autant qu’il y a toujours le risque d’en faire un martyr sans savoir si son remplaçant sera plus conciliant... Mathilde Philip-Gay, professeure de droit à l’université Jean-Moulin de Lyon, est une spécialiste du droit international et particulièrement de la responsabilité des chefs d’État. Depuis le 24 février 2022, date de l’entrée des chars russes sur le territoire ukrainien, elle réfléchit à la façon de coincer juridiquement Poutine. Et c’est admirable.
Mathilde Philip-Gay fait partie de ce qu’elle appelle les "tireurs embusqués", ces "combattants pacifiques qui luttent pour les droits fondamentaux de tous les êtres humains, contre la violence, le crime et l’injustice, avec le droit pour seule arme". Face au président russe, ils forment désormais un petit groupe, international, solide, déterminé. Parmi eux l’infatigable Robert Badinter, qui vient de faire paraître avec Bruno Cotte et Alain Pellet une ébauche d’acte accusation.
Le droit international demande une persévérance, une ténacité qui m’émeuvent et que j’avais envie de saluer car ces juristes de l’ombre font un travail essentiel pour que du plus noir des réalités humaines surgisse la lumière, celle de la justice et du droit.
Sources
- "Peut-on juger Poutine ?", de Mathilde Philip-Gay, éditions Albin Michel, 234 pages, 16,90 euros
- "Vladimir Poutine, l’accusation", de Robert Badinter, Bruno Cotte, Alain Pellet, éditions Fayard, 216 pages, 18 euros
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