Aujourd’hui, si nous ne pouvons que nous réjouir du fond du cœur que des jeunes adultes, dont tous ceux des pèlerinages de ces dernières semaines, vivent de leur foi et désirent la signifier, la partager, n’oublions pas que les chiffres n’ont rien à voir avec les "bons fruits" de l’Évangile...
Chers amis, grâce à un historien du catholicisme, je découvre une conférence du cardinal Suhard, fondateur de la Mission de France, archevêque de Reims puis de Paris, de 1940 à 1949. Elle est proclamée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans la cathédrale de Chartres, aboutissement du pèlerinage des étudiants. Comme tous les ans depuis 1936.
Homme d’Église au cœur d’une période terriblement sombre, il eut en même temps une profonde modernité pastorale : préoccupé par la présence de l'Église au milieu des hommes et par son avenir qui dépend pour une part de son audace et de sa liberté d'esprit.
Voici donc ce qu’il déclarait aux étudiants de 25 nationalités arrivés à Chartres le 10 juin 1946. Je me permets de reprendre ses mots :
Rien de plus contraire à la notion de corps mystique que cette limitation égoïste et de parti pris hostile à l’égard des non-chrétiens. Ses conséquences sont historiquement connues. Elle compromet le christianisme en le réduisant à une caste ou à un parti.
On ne gagne pas les âmes aux Christ en les excommuniant ou en les annexant par des contraintes indiscrètes, fut-ce au nom de la vérité... Plus vous servirez les hommes dans le Christ, plus vous vous trouverez. Vous pouvez tout sauver : le monde et votre liberté...
Ne soyez pas chrétiens pour vous, ou seulement votre famille et votre petit cénacle. Ne soyez pas des catholiques de clans ou de chapelles, mais des catholiques de plein air et de pleines vies.
Mêlez-vous à la vie des hommes, non pour de rapides et factices enquêtes, mais pour les comprendre et les aimer. Partagez leurs soucis, leurs pensées, leurs projets. Portez-les, chaque jour dans votre prière. Faites-vous l’un d’entre eux. Votre devoir de l’heure, ce n’est pas de vous opposer pour détruire mais de pénétrer pour construire.
Aujourd’hui, si nous ne pouvons que nous réjouir du fond du cœur que des jeunes adultes, dont tous ceux des pèlerinages de ces dernières semaines, vivent de leur foi et désirent la signifier, la partager, n’oublions pas que les chiffres n’ont rien à voir avec les "bons fruits" de l’Évangile.
Les tragédies des abus nous ont douloureusement appris que la force numérique n’est nullement signe de vérité évangélique, pas plus hier qu’aujourd’hui. Et si nous fallait garder en mémoire vive l’image la plus saisissante et bouleversante de la présence juste de l’Église durant le dur confinement dû au Covid, n’est-ce pas, pour toute la planète, celle d’un certain 27 mars 2020, où un homme seul, sous une pluie battante, prie et supplie pour le monde meurtri, devant la place Saint-Pierre.
Le pape argentin insistant alors sur le dévouement "des personnes ordinaires" qui "sont en train d'écrire aujourd'hui les événements décisifs de notre histoire. Médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d'entretien, fournisseurs de soins à domicile, transporteurs, forces de l'ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant et tant d'autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul." Alors oui, se faire l’un d’entre eux…
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