Dans quelques heures Emmanuel Macron sera au Mont-Saint-Michel pour visiter l’exposition du millénaire de la construction de l’église abbatiale. Et pour prononcer un discours. Qu’a-t-il à dire sur un lieu comme le Mont-Saint-Michel ? Réponse de l’Élysée : "Le président parlera de ce lieu qui reflète une certaine idée de la France, et qui symbolise tout ce qui fait des Français un peuple de conquérants et de bâtisseurs”.
On peut s’interroger sur cette phrase. Et sur l’habitude des présidents et des candidats-présidents (depuis Pompidou et Mitterrand en passant par Chirac, Balladur, Sarkozy, Hollande, Zemmour et Marine Le Pen) de venir au Mont-Saint-Michel pour y déclarer des choses politiques, d’ailleurs vagues et inexactes.
Ce qui est inexact, c’est que l’abbaye du Mont-Saint-Michel soit un symbole séculier et encore moins politique. Il suffit de lire son histoire pour savoir que (depuis l’origine) les moines ont dû résister tant bien que mal à l’emprise des princes temporels pour garder au Mont sa véritable signification, qui était spirituelle et internationale. Les foules médiévales venant de toute l’Europe pèlerinaient au Mont-Saint-Michel exclusivement pour le spirituel !
D’où venait le magnétisme qui attirait ces milliers de marcheurs, hommes, femmes et enfants ? Réponse dans un document rédigé au Mont vers 860, la "Revelatio" : c’est que "l’archange Michel est chargé d’introduire les âmes dans le séjour de paix". Oui : le pèlerinage au Mont-Saint-Michel avait un sens prémonitoire. Traverser pieds nus ce grand désert marin – no man’s land entre terre et mer – c’était s’entraîner pour l’épreuve du vrai grand passage quand viendrait notre dernière heure. Gravir le rocher vers l’abbatiale au sommet, c’était se préparer à monter vers le Ciel...
Et le plus frappant, c’est qu’une partie des millions de touristes, aujourd’hui, restent sensibles à ce sens spirituel du sanctuaire. Plus l’époque est matérialiste en surface, plus les demandes spirituelles cheminent en profondeur.
Rien de moins politique, donc, que le sens profond du Mont-Saint-Michel. Alors comment se fait-il que des politiciens, négligeant l’histoire réelle du Mont, s’obstinent à vouloir s’en faire une tribune ? Ce site sans équivalent résistera toujours aux récupérations séculières. Et souhaitons que le millénaire de l’abbatiale soit l’occasion, pour le grand public, de découvrir le message qu’elle porte depuis un millénaire…
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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