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Élections des Chambres d’agriculture : Comment chaque syndicat pense l’agriculture de demain ? (2/3)

Un article rédigé par Matthieu Riolland - RCF Bordeaux, le 16 janvier 2025 - Modifié le 16 janvier 2025

Les élections des Chambres d'agriculture ont commencé ce mercredi 15 janvier. Les agriculteurs peuvent voter pour leur syndicat jusqu’au 31 janvier minuit. Les résultats vont déterminer la politique agricole appliquée dans chaque département pour les six années à venir. Nous vous proposons donc plusieurs épisodes pour découvrir le positionnement et le programme de chaque syndicat. Zoom sur les modes d’exploitations agricoles futurs.

Les solutions des syndicats sont diverses pour l'avenir de l'agriculture © Photo d'archive Matthieu RiollandLes solutions des syndicats sont diverses pour l'avenir de l'agriculture © Photo d'archive Matthieu Riolland

La colère agricole est forte, depuis un an, les manifestations se multiplient partout en France. Les raisons de ce ras-le-bol sont nombreuses, le manque de revenus, la concurrence déloyale, mais aussi les normes environnementales. La profession est fortement touchée par le changement climatique, avec des catastrophes naturelles à répétition et des périodes de sécheresses de plus en plus fréquentes. Comment le monde agricole doit s’adapter ? 

 

La Confédération Paysanne

Pour certains, cette question de l’avenir doit se poser sous un angle écologique. Du côté de la Confédération Paysanne, syndicat marqué à gauche politiquement, il faut développer les fermes à taille humaine. Dans la Haute-Vienne, un sujet est au cœur du débat, produire des énergies renouvelables dans les exploitations. Thibaud Grimand, éleveur dans le département et membre du Comité d’administration de la Confédération Paysanne, il détaille la position du syndicat sur cette question de l’énergie verte, « Ponctuellement un méthaniseur à petite échelle sur une exploitation ou des panneaux solaires sur les hangars et pas sur nos hectares, pourquoi pas ? ».

Le syndicat souhaite que la production d’énergie verte reste limitée. Sans cela, la Confédération Paysanne craint pour l’attractivité de la profession en Limousin. « On est une des régions dans lesquelles il y a pas mal d'installations parce que le foncier reste accessible. Mais si on met en place ces panneaux photovoltaïques au sol, il n'y a absolument aucun garde-fou législatif pour que l'activité agricole perdure. En plus, le prix des hectares va absolument s'envoler, ça va aller dans une logique de spéculation et ça, c'est vraiment quelque chose qu'on ne peut pas tolérer. »

Les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes. Pour les agriculteurs, il faut donc une réponse à la problématique de la ressource en eau. Actuellement, ce sont les projets de méga-bassines qui doivent résoudre le manque d’eau à certaines périodes de l’année. Solution qui fait débat au sein même de la profession, puisque la Confédération Paysanne s’oppose à ces projets.

 

Le MODEF 

De son côté, le MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux), syndicat le plus petit, pense que l’adaptation écologique passera par le développement de la recherche publique. Notamment en matière d'espèces non modifiées, résistantes au changement climatique. Pour cette élection, le syndicat, historiquement proche du parti communiste, présente une liste dans quelques départements de Nouvelle-Aquitaine (la Charente, la Charente-Maritime, la Corrèze, la Creuse, le Lot-et-Garonne et les Landes).

 

La Coordination Rurale

Au contraire, la Coordination Rurale, bien plus à droite politiquement, affirme qu’il est impossible de produire sans polluer. Elle demande donc une baisse des normes environnementales. Selon elle, l’avenir doit se faire avec les pesticides, substance incontournable pour pouvoir produire aujourd’hui et dans le futur. Pour cela, il faut donc les dédiaboliser, explique Vincent Collineau, nouveau président de la coordination rurale de Gironde, « l'agriculture qui ne pollue pas, elle n'existe pas. J'ai fait du bio pendant cinq ans. Même en agriculture biologique, on a besoin de molécules. Il faut savoir qu'on est en permanence confronté à des impasses techniques parce qu'on nous enlève les molécules pour soigner nos plantes. Alors oui, il faut continuer à faire de la recherche pour trouver des solutions alternatives. »

Cette dépendance au produit chimique est due en partie au réchauffement climatique. Avec ce changement de climat, les agriculteurs doivent faire face à l’apparition de nouveaux insectes et maladies sur leur exploitation. Cette dépendance est aussi contrainte par la concurrence internationale, poursuit Vincent Collineau, « je ne vois pas comment, à l'heure actuelle, on peut se passer de chimie, surtout avec la concurrence internationale que l'on a et que l'on fait rentrer sur notre territoire. »

 

La FNSEA et les JA

Pour la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), syndicat majoritaire en France et dans la région Nouvelle-Aquitaine, les agriculteurs sont déjà les principaux artisans de l’écologie. Le syndicat est allié aux JA (Jeunes Agriculteurs) et cette alliance voit l’avenir à travers l’agriculture productiviste, comme l’explique Cédric Tranquard, président sortant de la Chambre d'agriculture de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres. « On défend une agriculture verte dans la bonne intelligence de chacun. Quand on nous dit qu'il va falloir laisser certains terrains ou faire des productions de telle et telle façon et qu’on va vous subventionner, je ne pense pas que ce soit la solution. Aidons les agriculteurs à mieux produire ». La FNSEA et les JA parient sur l’innovation pour continuer de produire plus. Dans le même temps, les deux syndicats souhaitent favoriser l'accès aux formations pour les agriculteurs pour pouvoir suivre l’avancée technologique.

Pour Cédric Tranquard, les agriculteurs sont déjà bien investis sur la question écologique, « il faut savoir quand même que les agriculteurs sont les premiers environnementalistes du pays, ce sont quand même eux qui façonnent ce paysage. Quand on entend, « Ah là-bas, c’est beau, dans telle région, c’est super beau », c’est que souvent il y a des agriculteurs derrière. Sinon, ça serait laissé en friche. On peut vous montrer des secteurs laissés en gestion à la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), ce sont des « no man's lands ». Il n’est même plus possible de faire des nids pour les oiseaux rares, car ils sont envahis par la faune ».

L’avenir agricole passe aussi par la réponse à la problématique de la ressource en eau. La Confédération Paysanne, s'est positionnée contre les projets de méga-bassines. Au contraire, pour Aidan Roberts, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs des Deux-Sèvres, ces projets sont indispensables, « on a besoin de l’accessibilité à l’eau pour garantir une souveraineté alimentaire au pays. [...] Ces méga-bassines, elles vont justement assurer une accessibilité à l’eau aux agriculteurs du coin. »

RCF Bordeaux
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le Journal de la rédaction Nouvelle-Aquitaine
RCF Bordeaux
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