Nouvelle-Aquitaine
Les élections des Chambres d'agriculture commencent ce mercredi 15 janvier. Les agriculteurs peuvent voter pour leur syndicat en votant jusqu’au 31 janvier minuit. Les résultats peuvent déterminer la politique agricole appliquée dans chaque département. Nous vous proposons donc plusieurs épisodes pour présenter le positionnement et le programme des syndicats. Zoom sur les positions vis-à-vis de l’Union Européenne (UE).
La colère agricole est forte, depuis un an, les manifestations se multiplient partout en France. Les raisons de ce ras-le-bol sont nombreuses, le manque de revenus, la concurrence déloyale, notamment entre les pays membres de l’UE. Le dernier mouvement de contestation était d’ailleurs contre l’Europe et l’accord avec les pays du Mercosur. Pourtant, certains syndicats agricoles sont plus critiques envers l’UE que d’autres.
Tout d’abord, la Coordination Rurale, le syndicat classé très à droite politiquement, souhaite une meilleure harmonisation des normes entre tous les pays européens. Selon eux, les agriculteurs français sont défavorisés car la France impose de nombreuses normes qui viennent s’ajouter à celles de l’UE. Pour Vincent Collineau, président du syndicat en Gironde, la solution est toute trouvée, « L'idée serait déjà de remettre les normes européennes au centre du jeu. On a trop de normes au niveau français sur l'agriculture. Il y a plus de 200 000 normes qui ont été recensées pour l'agriculture. C'est illisible et on ne peut pas travailler sereinement avec ça. Avec cette solution, au moins, on aura une seule ligne de conduite à suivre, la norme européenne. »
Selon la Coordination Rurale, pour avoir une meilleure harmonisation, il faut aussi se pencher sur les inégalités sociales et fiscales entre les agricultures de l’Union Européenne. Pour répondre à cette problématique, Vincent Collineau réclame un contrôle plus strict des importations, « on n'a que deux bras, comme nos collègues européens, on n'en fait pas plus, pas moins qu'eux, mais quand on est défavorisé au niveau fiscal et social, c'est compliqué. On a une pression environnementale très forte dans notre pays, par contre on laisse rentrer tout et n'importe quoi au niveau des ports et des aéroports. »
Du côté de l’alliance FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) et JA (Jeunes Agriculteurs), les revendications sont à peu près similaires. L’alliance, majoritaire en France et dans la région Nouvelle-Aquitaine, déplore elle aussi les inégalités de compétitivité. Le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs des Deux-Sèvres, Aidan Roberts, parle même de concurrence déloyale « Il faut le même niveau de réglementation dans toute l’Europe, pour qu’il y ait moins de concurrence déloyale. Parce qu’on nous demande de produire des aliments de qualité et en France on est fier de le faire. Alors pourquoi on importe des produits étrangers où ils utilisent des molécules, du phytosanitaire qui n’est pas autorisé à produire en France, mais que l’on commercialise ? »
Une production plus contrainte en France par les normes environnementales, mais qui est aussi plus coûteuse. Le niveau de salaire français est supérieur à celui d’autres pays européens et selon Cédric Tranquard, président sortant de la Chambre d'agriculture de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, c’est dans cette situation que l’UE et la PAC (Politique agricole commune) ont leur intérêt, « quand un salarié est payé dans les pays émergents de l’Europe, comme la Pologne ou la Roumanie, entre trois et six euros de l’heure sans protection sociale, sans rien. Là, la PAC a tout son sens. Pour faire de cette protection sociale et pouvoir conserver des entreprises en France avec des salariés formés et capables de faire le boulot. » Selon le syndicat, il y a donc des ajustements à faire au niveau de l’UE, mais la PAC doit permettre d’ajuster les différences salariales entre les pays membres.
Plus à gauche de l'échiquier politique, la Confédération Paysanne est moins critique de l’Union Européenne. Le syndicat se proclame internationaliste et aspire à la solidarité entre agriculteurs européens. Mais elle souhaite aussi voir quelques modifications. Julien Roujolle, tête de liste en Haute-Vienne, pointe une mesure en particulier, « ce qu’on réclame depuis 30 ans, c’est que l’alimentation sorte des traités de libre-échange. » Selon lui, c’est une des raisons de la chute du nombre de fermes en France, « depuis 30 ans, on est passé de 1 million de paysans à aujourd’hui 380 milles. La FNSEA nous dit que tant qu’on ne sera pas à 200 milles, on ne doit pas s’inquiéter et nous on n’est pas d’accord. Nous, on dit, on est 380 milles ce n’est plus possible. Non à la braderie des paysans. »
Le syndicat souhaiterait également voir une revalorisation de la redistribution européenne des exploitations biologiques. Une mesure importante pour favoriser une agriculture plus écologique.
Enfin, le MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux) dénonce des baisses du budget de la PAC et par conséquent une réduction des aides directes. Le syndicat historiquement proche du parti communiste appelle à une meilleure protection des agriculteurs par l’Europe. Et souhaite voir une redistribution plus juste au profit des petites et moyennes exploitations.
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