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Européennes en Bretagne : l’extrême droite pour la première fois en tête du scrutin

Un article rédigé par Les rédactions bretonnes - RCF, le 10 juin 2024 - Modifié le 10 juin 2024

Les élections européennes de ce dimanche 9 juin ont vu le Rassemblement national arriver en tête au niveau national, devant la liste de la majorité présidentielle. La soirée a été marqué par le coup de tonnerre de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron. En Bretagne aussi, et c’est une première, le Rassemblement national a rassemblé le plus de suffrages.

Photo de Christian Lue sur UnsplashPhoto de Christian Lue sur Unsplash

La tendance est la même en Bretagne qu’ailleurs en France, marquée par des scores importants du Rassemblement national. Avec 31,5 %, le parti d’extrême droite de Jordan Bardella totalise au niveau national deux fois plus de votes que la liste Renaissance portée par Valérie Hayer (14,6 %). La liste PS / Place publique est à 13,8 %. Viennent ensuite la France insoumise (10 %) et la liste LR (9,9 %). 

Trois Bretons au Parlement européen

Ces résultats emmènent au Parlement européen 81 eurodéputés français, et parmi eux, les trois Bretons pressentis, Gilles Pennelle pour le RN, Marie-Pierre Vedrenne réélue sur la liste Renaissance, et Isabelle Le Callennec, la maire de Vitré, sur la liste de François-Xavier Bellamy.

Quinzième sur la liste de Jordan Bardella, le Breton Gilles Pennelle, directeur général du Rassemblement national exprimait hier soir son “immense satisfaction”. Joint avant l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, il se réjouissait du score de son parti : ”Le score de Jordan Bardella est exceptionnel. Messieurs Attal et Macron se sont beaucoup engagés dans cette campagne, beaucoup trop peut-être, et aujourd’hui ils portent la responsabilité de la défaite de Mme Hayer. C’est une grave crise politique qui touche maintenant l’exécutif.” Le nouvel eurodéputé compte conserver son mandat de conseiller régional et entend intégrer la commission agriculture du parlement européen pour défendre “ce secteur extrêmement important pour la Bretagne”.

Le RN en tête en Bretagne, une première

La région Bretagne, pour la première fois, a choisi de placer en tête la liste RN, avec 25,58 % des suffrages, devant Raphaël Glucksmann (18,44 %) et Renaissance (17,41 %). Le vote RN est particulièrement marqué dans le Morbihan et les Côtes d'Armor, mais il arrive aussi en tête en Ille-et-Vilaine et le Finistère. Un vote de colère, analyse Jean-Luc Richard, maître de conférences à l'université de Rennes, spécialiste des analyses électorales : "Le sentiment que la réforme des retraites, celle de l'assurance maladie, avec les jours de carence, l'indemnisation du chômage, ne vont pas dans le sens souhaité par les personnes en situation de précarité, et ça les amène à un vote protestataire." Le taux de participation en Bretagne s’élève à 57,08 %. "La Bretagne n'est pas étanche aux peurs et aux angoisses qui parcourent l'Europe et la France, commente Loïg Chesnais Girard. Face à cela, nous devons afficher une ligne d'espérance, d'enthousiasme, se basant sur les valeurs sociales démocrates", a réagi le président de Région. A noter que les villes de Rennes et Brest font figure d’exception face au raz-de-marée RN en plaçant Raphaël Glucksmann en tête (24,93 % à Rennes, 22,08 % à Brest). Dans la capitale bretonne, Jordan Bardella enregistre son plus faible pourcentage, avec 9,93 % des votes, loin derrière Manon Aubry (LFI), 18,03%, Valérie Hayer (Renaissance) à 14,45%, tout comme Marie Toussaint (EELV).

Autres singularités bretonnes : dans les Côtes d’Armor deux communes placent les verts en tête : Trémargat et Loc Envel, et  en Ile-et-Vilaine, la commune de Champeaux plébiscite les Républicains, des cas isolés pour ces derniers exemples. 

La campagne électorale lancée

Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé peu après 21h la dissolution de l’Assemblée nationale. Le chef de l’Etat va convoquer des élections législatives le 30 juin et le 7 juillet. “Une dissolution, on en parle depuis un an, relativise Anne Le Hénannf députée de la majorité présidentielle, dans le Morbihan, mais ce soir, alors même que l’on n’a pas encore l’analyse de nos circonscriptions, je suis très surprise. Mais je suis prête à repartir au combat, je vais le faire. Je suis déjà en campagne électorale."

"Une pure folie, commente Isabelle Le Callennec. Depuis le début du mandat il (Emmanuel Macron) joue avec le feu.” Une décision “irresponsable, pour Frédéric Mathieu, député LFI d'Ille et Vilaine, de prendre le risque de faire entrer le rassemblement national à Matignon.”

Le paysage politique va devoir, dans un laps de temps réduit, se mettre en ordre de bataille pour composer des alliances et trouver des accords localement. “C’est très court ! Observe Frédéric Mathieu. On voit l’appétence d’Emmanuel Macron pour l’autoritarisme. Faire campagne dans un pays dont les pouvoirs publics sont tous mobilisés sur les JO, en uniquement trois semaines, on voit que c’est une grande préoccupation que le respect de la démocratie pour notre président de la République", ironise encore Frédéric Mathieu.

C’est “un pari à très haut risque, selon Jean-Luc Larsonneur, député de Brest-centre. La question sera de savoir si de cette nouvelle première force politique peut émerger un gouvernement stable qui ferait face probablement à de nombreuses censures, ou avec de nouvelles alliances inédites et inquiétantes, avec la droite extrême.

Analyse aussi de Jean-Luc Richard, qui y voit un pari hasardeux. "Dissoudre fin juin sans laisser le temps aux formations politiques de finaliser un programme, organiser une campagne, je crains que ça ne contribue plus à aggraver la situation qu'à résoudre les problèmes", conclut le politologue.

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