À 16 ou 17 ans, est-on trop jeune pour voter ? Ou pour s'abstenir ? Ce jeudi 9 décembre, les sénateurs étudient l’abaissement du droit de vote à 16 ans. Faut-il compter sur les moins de 18 ans pour résorber les taux d’abstention ? C’est en tout cas l’un des arguments avancés par les partisans de la mesure. À quelques mois de l’élection présidentielle, Anne Hidalgo, Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon l’ont déjà inscrite à leur programme.
Avec 87% d’abstention chez les 18-24 ans aux dernières élections régionales, les jeunes sont plus vus comme un réservoir à abstention que comme de réels acteurs politiques. Pour les partisans du vote dès 16 ans, l'objectif est justement de reconnecter les jeunes avec la vie publique. Les 16-18 ans "aspirent à exister politiquement" d’après Martine Filleul. La députée du Nord de rappeler qu’ils étaient nombreux, les lycéens et lycéennes, à manifester avant l’épidémie de Covid-19 pour la protection de la planète ou pour défendre "l’égalité entre les hommes et les femmes".
Mais à 16 ans que sait-on des débats politiques ? Les détracteurs de cette proposition de loi avancent le peu de maturité du public concerné. Selon plusieurs chercheurs, un grand nombre d’entre eux se considèrent peu armés pour prendre part au débat politique. Qu’à cela ne tienne, c’est l’occasion pour la députée du Nord de mettre en place un dispositif d’accompagnement. Et d’enseigner les sciences politiques dès la sixième. Avec pour objectifs « d’apprendre à décoder un débat politique, à décider les messages sur les réseaux sociaux, à déconstruire les fake news…"
Intitulé "Nouveau pacte de citoyenneté avec la jeunesse", le texte étudié ce jeudi au Sénat est celui de Martine Filleul, sénatrice (PS) du Nord. Son examen avait été annoncé en octobre dernier par Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat, alors que le député (LREM) François Jolivet soumettait une proposition de loi à l’Assemblée nationale.
Comme souvent à l’approche d’une échéance électorale, le débat sur l’élargissement du droit de vote refait surface. En octobre 2020, les députés de la majorité avaient rejeté une proposition de loi portée par la députée Paula Forteza. Et en mars 2021, une tribune publiée dans le JDD, signée par 99 élus politiques de tous bords et plus de 100 jeunes, appelait à l’ouverture du vote à 16 ans pour les élections municipales…
En Autriche - le premier État membre de l’Union européenne à avoir adopté en 2007 la majorité électorale à 16 ans - "la participation des 16-17 ans est supérieure à celle des autres primo-électeurs plus âgés", selon un rapport du Conseil de l'Europe.
Faut-il suivre l’exemple autrichien ? Le vote dès 16 ans permettra-t-il de réduire le taux global d’abstention, en général assez élevé en France ? En attendant, plusieurs candidats en font déjà un argument de campagne. Favorables à l’abaissement de l’âge du droit de vote, Anne Hidalgo, Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon ont déjà inscrit la mesure à leur programme de campagne. La question qui n’est pas résolue est celle, latente, de la défiance vis-à-vis des politiques.
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