Flambée des prix, dérèglement climatique, manque de main d'oeuvre... Les défis sont nombreux pour la filière bois. Mais les professionnels du secteur regardent l'avenir avec confiance, ils représentent un maillon essentiel dans la transition écologique du bâtiment et de la construction.
Depuis la crise du covid, la filière doit faire face à une fluctuation des prix importante. "Déstabilisante même" insiste Francis de Morogues, directeur du Pôle Excellence Bois des Pays de Savoie. Aujourd'hui, c'est enfin le calme après la tempête. Un trop grand calme même puisqu'avec l'envolée du prix des matières premières et l'augmentation des taux d'intérêt, les projets immobiliers sont moins nombreux, eux qui représentent le plus gros du volume de bois écoulé.
A l'inverse, le bois-énergie à le vent en poupe, le granulé prend de plus en plus de place dans le mix énergétique des Français. "On a eu du mal à suivre, il y a même eu des rationnement, mais aujourd'hui on tend vers un équilibre, il faut que la production augmente" détaille Francis de Morogues.
Mais que ce soit dans le secteur de l'énergie ou celui de la construction, les bras manquent. Les entreprises du territoire peinent à recruter, notamment dans les branches les plus physiques, comme le bucheronnage. "Il faut expliquer aux jeunes que ce sont des métiers qui font appel à des savoirs ancestraux, mais qui se sont modernisés, il faut que ces professions gagnent à nouveau en attractivité" confirme le directeur du PEB.
Redorer le blason auprès des futurs employés du secteur, auprès du grand public aussi. A la faveur d'un rapprochement des Français à la nature, de la multiplication des documentaires à charge, la filière a perdu ses lettres de noblesse auprès des habitants.
Abattre des arbres est désormais mal perçu alors que nous rêvons de supprimer le plastique de nos vies, de le remplacer par des matières plus nobles. "C'est un travail d'écoute, de pédagogie" explique Francis de Morogues "il faut que nous écoutions les critiques, que nous changions parfois nos méthodes de travail, mais il faut aussi faire comprendre que l'on régule, avec nos métiers, une forêt qui peut être malade et qu'on le fait de manière durable".
On peut voir la transition écologique avec le sourire
Malgré ces difficultés, les professionnels du secteur en sont convaincus, de beaux jours arrivent. Le secteur de la construction entame sa transition écologique et le bois apparaît comme la solution verte, locale et solide qui pourrait remplacer les matières fossiles et polluantes. "Nous avons un rôle majeur à jouer" assure le Pôle Excellence Bois. La filière est d'ailleurs soutenue par les pouvoirs publics. Politiques incitatives et enveloppes financières se multiplient à échelle locale comme nationale.
Reste que le bois local devra être choisi en priorité par les constructeurs, alors qu'on lui préfère souvent aujourd'hui des bois étrangers, moins chers. "Il faut qu'en aval, on se demande, en tant qu'architecte, ce qu'on peut imaginer avec du bois local et il faut qu'en amont, on fasse baisser les coûts de production, qu'on propose des produits plus sophistiqués" termine Francis de Morogues qui espère voir l'offre et la demande locale se rencontrer plus souvent à l'avenir.
Le Printemps de la filière Forêt - Bois, la grand-messe des professionnels
Le 23 mai prochain, les acteurs de la filière et les élus locaux se donneront rendez-vous à Alby-sur-Chéran pour mettre en lumière les entreprises locales, les savoir-faire et la dynamique de cette filière stratégique dans la transition écologique.
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