"Vivants ! La fin de vie, c’est encore la vie". C'est le titre du livret édité par le diocèse de Paris à l’occasion du débat actuel autour de la fin de vie. Un document en libre téléchargement pour permettre aux catholiques de comprendre la position de l'Église et de pouvoir eux-mêmes en parler.
Dimanche 2 avril, les membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie ont fait le compte rendu de leurs travaux. Ils ont fortement souligné l’inégalité d’accès aux soins palliatifs en France et demandé qu'ils soient développés. Une majorité s’est aussi prononcée en faveur d’une aide active à mourir. Emmanuel Macron a fait savoir qu’il désirait un projet de loi avant la fin de l’été. De son côté, l’Église catholique, par la voix de ses évêques, a fait savoir son opinion. Ainsi le diocèse de Paris a publié en janvier dernier un livret sur la fin de vie, où il condamne l’euthanasie et plaide pour le développement des soins palliatifs.
Ce livret de douze pages a été réalisé pour informer et "armer les gens pour ne pas être désemparé devant ces questions mais pouvoir y répondre de manière raisonnée", décrit l’un de ses auteurs, le Père Matthieu Villemot. Ce livret est destiné à "tous les catholiques et en particulier tous ceux qui ont un engagement pastoral". L'objectif est de leur donner "des éléments pour répondre aux questions que les gens se posent ces temps-ci sur ce débat autour de la fin de vie, sur le suicide assisté, l’euthanasie, les soins palliatifs etc."
Intitulé "Vivants ! La fin de vie, c’est encore la vie : repères, ressources et témoignages", le livret de douze pages propose également des témoignages. Il se conclut par la prière d'abandon de Charles de Foucauld. Il est disponible dans les paroisses et aumôneries de la capitale et en libre téléchargement sur le site du diocèse de Paris.
"Euthanasie" est un mot grec qui veut dire "bonne mort", rappelle le Père Villemot, docteur en philosophie et co-directeur du département de recherche Éthique biomédicale du Collège des Bernardins. "C’est un mot qu’on trouve dans la tradition des sages grecs, en particulier stoïciens ou épicuriens, qui se préparaient à mourir et qui, lorsque la vie leur semblait devenue insupportable, se suicidaient." Le Père Villemot souligne de cette façon que la question de la "bonne mort" est ô combien ancienne !
Elle traverse également la Bible. "Les cas d’accompagnement strict de la mort de quelqu’un dans la Bible sont assez rares, mais le plus beau c’est évidemment celui du Christ", estime Matthieu Villemot. Dans l’évangile de Jean, Jésus avant de mourir sur la croix, confie à son disciple Jean le soin de veiller sur sa mère. "Et donc on voit - et toute la tradition va le souligner - que cette présence à ses côtés le console et l’aide à faire ce que son Père lui demande de faire, c’est-à-dire à porter sa croix jusqu’au bout." Ce récit de la Passion, conclut le Père Villemot, "nous dit bien comment la préparation à la fin de vie ne peut pas être solitaire mais doit être posée dans la fraternité, dans la famille, dans les proches, etc."
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Ne pas être seul dans les derniers moments de sa vie : voilà ce que défend l’Église catholique. Une vision de la fraternité incompatible avec l’euthanasie. "On nous ressort aussi très régulièrement l’argument de l’autonomie, qui est un concept tout à fait central dans notre société", remarque le Père Villemot. Autonomie qu’il explique ainsi : "Si Jacques décide de demander l’euthanasie ça ne concerne que Jacques, personne d’autre." Ce à quoi l’Église s’oppose. "Ça n’est pas vrai, nous dit Matthieu Villemot, parce que d’abord cet acte il est posé par des médecins." Par ailleurs, "il envoie un message aux personnes qui sont dans la même situation… en leur disant : Mais vous aussi vous devriez mourir." Ce pourquoi le prêtre du diocèse de Paris insiste : l’euthanasie "n’est jamais un acte posé en pleine autonomie".
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