La loi sur la fin de vie pourrait évoluer prochainement. C’est en tout cas la porte entrouverte par Emmanuel Macron, annonçant il y a quelques semaines le lancement d’une convention citoyenne sur la fin de vie, qui se déroulera d’octobre à mars. Dans le même temps, le comité consultatif national d’éthique a jugé qu’une aide active à mourir pourrait s’appliquer en France. Mgr Eric de Moulins Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, a pu exprimer son inquiétude à Emmanuel Macron. Il était l'invité de la Matinale RCF.
Mgr Eric de Moulins-Beaufort a été reçu mardi à l'Elysée. Une visite de longue date au cours de laquelle a été évoqué le débat sur la fin de vie. L'archevêque de Reims a exprimé son inquiétude à Emmanuel Macron, sur une possible évolution de la loi. "On parle beaucoup de la fin de vie comme si c’était toujours un moment de grande douleur. Je crois qu’il faut aussi rassurer les Français sur le fait qu’on peut mourir humainement", explique-t-il au micro de RCF, pas entièrement rassuré à l'issue de ce rendez-vous avec le chef de l'Etat.
Eric de Moulins-Beaufort a notamment insisté sur l'importance de développer les services de soins palliatifs en France. "Ce qui est frappant, c’est qu’on ne le fait pas beaucoup voire pas du tout. Les soins palliatifs permettent de nous rassurer sur le fait que nous pourrons être accompagnés à vivre jusqu’au bout et entrer dans la mort comme des vivants", estime-t-il. Toutefois, il comprend et ne juge pas les personnes qui peuvent "avoir envie d'en finir", mais selon lui, "organiser les choses pour que ce soit possible revient à renoncer à accompagner tout le monde dans la vie".
Egalement au menu des discussions : l'anniversaire de la publication du rapport Sauvé, qui a mis au jour le caractère systémique des abus sexuels dans l'Eglise. "On a enfin compris que les agressions sexuelles causaient des traumatismes qui duraient toute la vie. Les chiffres de la CIASE [Commission sur les abus sexuels dans l'Eglise, NDLR] ont contribué encore plus à la prise de conscience de ce mal humain considérable et qu’il fallait en assumer la responsabilité", retrace le président de la Conférence des évêques de France (CEF), affirmant qu'un seuil a été franchi depuis dans les diocèses. Même s'il faut selon lui continuer, toujours, à veiller au problème de la pédocriminalité.
Toutefois, certaines mesures prennent encore du temps, comme la réparation financière des victimes. L'instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (INIRR) n'a pour l'heure traité que 40 dossiers et 700 sont en attente. "Il faut le temps qu’un système se mette en place et c’est douloureux pour les personnes. Je le regrette mais ce temps long est indispensable pour que cette instance ait la qualité nécessaire pour le travail qu’elle a à faire", assume Eric de Moulins-Beaufort.
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