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Georges Delrieu, "Les chrétiens ont compris que les réseaux sociaux étaient un bon outil pour annoncer le Christ"

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 14 octobre 2024 - Modifié le 15 octobre 2024
L'Invité de la MatinaleEtre missionnaire aujourd'hui, qu'est-ce que ça veut dire? Avec Georges Delrieu

Mission secrète, mission spéciale, chargée de mission pour le grand public... Le terme "mission" évoque le plus souvent un vocabulaire militaire ou administratif. Pour les chrétiens, c'est l'un des fondements de la foi. La semaine missionnaire mondiale commence cette semaine, et nous en parlons avec Georges Delrieu, secrétaire général des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM).

Georges Delrieu ©Pierre-Hugues DuboisGeorges Delrieu ©Pierre-Hugues Dubois

En 2020, pour la première fois, la majorité de la population française se déclarait sans religion, selon une étude de l'Insee et de l'Ined (Institut national d’études démographiques). Comment être missionnaire dans un monde de plus en plus sécularisé ?

Les missionnaires, porteurs d'un message d'espoir

La vocation missionnaire a évolué au cours des siècles. Georges Delrieu explique qu'au début du XXe siècle, il y avait un nombre très important de missionnaires dans le monde, dont 75 % étaient français. Il y a eu une concomitance entre le développement des missions et celui du colonialisme. Les missions, développées dans des territoires de nouvelle évangélisation, se concentraient sur des besoins importants tels que la scolarisation et la santé, souligne le secrétaire général des OPM. "La mission, le missionnaire blanc avec les petits indigènes devant leur case, c'est une image d'Épinal. Ça existe toujours, mais il est en train de se développer en Europe une autre forme de mission. On voit venir des missionnaires de pays qui étaient autrefois des pays de mission, parce qu'ils ont aussi la possibilité d'évangéliser dans nos propres contrées."

La mission a des visages très différents et elle est très inégale, mais elle est inhérente à notre vocation de baptisés.

À l'occasion de la Semaine missionnaire mondiale, Georges Delrieu nous invite à réfléchir à notre propre rôle de missionnaire. Pour lui, la mission est partout et commence avec notre propre comportement : "Ça commence dans notre cœur, ça commence autour de nous et ça va partout dans le monde." Pour le secrétaire général des OPM, cette mission est différente et présente des défis dans toutes les régions du monde. Dans un pays comme la Belgique, qui est très sécularisé, c'est difficile, mais mener la mission dans un pays que l'on dit catholique à 80-90 % peut également présenter des défis si c'est un catholicisme dit "de surface", ajoute Georges Delrieu. "La mission, c'est de chercher au-delà des apparences pour vérifier que l'on est bien dans un pays où les gens ont accepté de vivre comme Jésus le demande. La mission a des visages très différents et elle est très inégale, mais elle est inhérente à notre vocation de baptisés."

S'adapter à une société matérialiste et aux réseaux sociaux

Le pape François a dénoncé à de nombreuses reprises, au cours de son pontificat, l'attachement aux valeurs matérielles. Georges Delrieu se reconnaît dans ce discours et ajoute que "l'absence de transcendance conduit à des absurdités. Pour beaucoup de personnes, le développement des biens matériels est une condition de bonheur, et elles s'aperçoivent au bout d'un certain temps qu'en fait cela ne résout rien du tout, et qu'il va falloir se pencher sur les questions de la transcendance, de la vie éternelle." Selon le secrétaire général des OPM, la question de la transcendance permet de donner un sens à la vie et de se détacher des biens matériels. Il ajoute que la tentation du confort matériel est liée au phénomène de déchristianisation des sociétés occidentales. "Lorsque le confort devient une fin en soi, il devient l'ennemi de la foi. Pour entrer dans la foi et suivre le Christ, il faut accepter d'abandonner un certain nombre de choses."

 Pour beaucoup de personnes, le développement des biens matériels est une condition de bonheur, et elles s'aperçoivent au bout d'un certain temps qu'en fait cela ne résout rien du tout, et qu'il va falloir se pencher sur les questions de la transcendance, de la vie éternelle.

Les réseaux sociaux sont un biais d'évangélisation, souligne Georges Delrieu. Après avoir été marginalisés par les chrétiens, ils sont aujourd'hui utilisés par les médias chrétiens, ainsi que par les évangélisateurs et prédicateurs, explique le secrétaire général des OPM. "Je me rappelle d'un père polonais qui démarre une petite chaîne YouTube d'évangélisation et qui se retrouve avec 45 000 followers. Les chrétiens ont compris que les réseaux sociaux et les médias sont de très bons outils pour annoncer le Christ."

Collecter des dons pour financer des projets suivis dans le temps

La première mission des Œuvres Pontificales Missionnaires est de partager la joie de vivre et l'espérance, explique Georges Delrieu. "Le christianisme du XIXe siècle était très triste, c'était la catastrophe permanente. Il est vrai que nous sommes tous pécheurs, mais nous avons aussi de l'espérance. Il faut remercier le Seigneur pour tout ce qu'il nous donne." Les OPM sont également partenaires du Congrès Mission, qui rassemble des initiatives missionnaires et connaît un grand succès en France. Ce partenariat témoigne, selon Georges Delrieu, de la pluralité qui compose l'Église. "L'Église est universelle et faite de gens extrêmement différents, de communautés différentes. C'est une mosaïque de l'Église universelle."

Nous rassemblons la collecte et la répartissons sur des projets qui sont connus, avérés, sur lesquels nous pouvons arbitrer. Ce sont des projets qui sont suivis dans le temps. 

Les Œuvres Pontificales Missionnaires ne sont pas une ONG, précise le secrétaire général. Elles collectent des dons dans 140 pays et décident en assemblée générale des responsables nationaux des projets qui seront soutenus. Cela peut être la construction de séminaires, d'écoles, le financement de formation religieuse ou la reconstruction de chapelles ou d'églises, ajoute Georges Delrieu. "Nous appliquons un principe de subsidiarité au sein des OPM. Il n'y a pas de favoritisme. Nous rassemblons la collecte et la répartissons sur des projets qui sont connus, avérés, sur lesquels nous pouvons arbitrer. Ce sont des projets qui sont suivis dans le temps. Nous avons des gens sur le terrain qui vont vérifier ce qui est fait avec les subsides envoyés", conclut Georges Delrieu.

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