Annoncer l'Évangile : ici ou là-bas ?

Un article rédigé par Véronique Alzieu - RCF, le 7 octobre 2024 - Modifié le 8 octobre 2024
Je pense donc j'agisLa mission, ici ou là-bas ?

Cette année, pour la Semaine missionnaire mondiale qui aura lieu du 13 au 20 octobre, le pape François propose de s’inspirer d’une phrase de l’évangile de saint Matthieu au chapitre 22 : "Allez et invitez tout le monde à la noce". Depuis l’origine, l'Église catholique porte en elle-même le souci de la mission et la responsabilité de l'évangélisation. Cette vocation, souvent vécue comme une urgence, l’a conduite aux quatre coins du monde pour annoncer la Bonne Nouvelle. Mais depuis quelques décennies il est admis que la mission doit aussi se vivre ici, en Europe, dans des sociétés sécularisées où le christianisme n’est plus la religion culturelle dominante.

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Dans nombre de sociétés occidentales, sécularisées ou déchristianisées pour certains, le souci de la mission et de l’évangélisation mobilise des énergies considérables. Dans le cadre de mouvements ou associations soutenus par les Œuvres pontificales missionnaires (OPM), de nombreux chrétiens s’engagent pour annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile.

La mission ? L'affaire de tous !

Anuncio fait partie des nombreux mouvements engagés dans l'évangélisation. Se définissant comme un "mouvement catholique qui va à la rencontre de toute personne pour lui annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ", il a pour mot d’ordre de "faire connaître le Christ toujours et partout !" Alicia de Bonnault, responsable du groupe à Lyon, se reconnaît parfaitement dans cette formule. "La mission consiste à annoncer l’amour de Dieu en Jésus pour tous les hommes et cela marque profondément mon quotidien", dit-elle.

Quant à Raphaël Bordes, il est responsable de e’M, (pour Église en Mission), une initiative missionnaire au service de l’Église de France et des plus fragiles. Lui insiste sur le fait que la mission est l'affaire de chaque baptisé. "N’oublions pas que chacun de nous est prêtre, prophète et roi, rappelle-t-il. Nous devons aller au bout de cette vocation. Être prêtre, c'est faire offrande de sa vie, prophète cela signifie annoncer explicitement que le Christ nous a sauvés, et enfin rois à la manière du Christ qui lave les pieds de ses disciples, c’est-à-dire des serviteurs pleins de compassion."

 

L'annonce de ce message est notre responsabilité 

 

L’urgence et la responsabilité de la mission

Le maître d'œuvre de la Semaine missionnaire mondiale, ce sont les Œuvres pontificales missionnaires. Pour Francisque de Bantel, responsable Animation et communication des OPM, la mission répond à une urgence. "Si je vis du Christ uniquement pour moi, Dieu me diras : Tu m’as connu mais qu’as-tu fait pour que d’autres me connaissent ? On peut se cacher derrière son petit doigt en estimant qu’on est un bon chrétien, explique Francisque de Bantel, mais si on ne prend pas les moyens d’annoncer l’Évangile, on se soustrait à sa responsabilité. L’Église pleine de vitalité et de fraîcheur, à laquelle j’ai goûté lors d’une mission de trois ans à Madagascar, j’ai envie de la vivre ici aussi depuis mon retour !"

 

L'annonce de l'évangile en milieu rural aussi

En France, les besoins de la mission peuvent beaucoup varier selon les régions et les réalités locales. "Nous essayons de répondre aux besoins des quartiers périphériques de grandes villes, mais aussi à ceux de sanctuaires, de paroisses ou de diocèses ruraux, précise Raphaël Bordes. Je peux citer l’exemple de Servane et Michel, un couple de retraités qui a été formé et envoyé pour trois ans entre Metz et Nancy dans une réalité rurale qui comprend soixante clochers. Ils font équipe avec les prêtres et des religieuses en organisant leur vie autour de trois pôles : la prière en commun, le travail et des temps fraternels."

Un logement est mis à leur disposition par la paroisse. La tâche des missionnaire consiste à travailler avec les prêtres et les équipes d’animation pastorale pour rencontrer les gens loin de l’Église ainsi que des personnes en situation de fragilité. "Arrêtons de nous regarder le nombril et de nous lamenter, insiste Raphaël. Si l’on s’en tient à ça, on va se regarder vieillir et mourir. Osons la logique de la sortie à laquelle le pape François nous encourage !"

 

L'audace de l'annonce

Pour sa part, Alicia de Bonnault décrit l’expérience qui se vit plutôt en milieu urbain. "En ville, explique-t-elle, l’annonce peut passer par du porte-à-porte ou par l’accueil des visiteurs dans les églises. Nous faisons aussi de l’annonce explicite dans la rue, en binômes. Nous arrêtons les gens parce que nous sommes convaincus d’être porteurs d’une bonne nouvelle que nous devons partager." 

Et quand on demande à Alicia s’il n’est pas embarrassant de parler de Jésus à des gens qui n’ont rien demandé, elle sourit : "Ce n’est pas toujours facile, mais globalement nous recevons un très bon accueil !"

 

L’évangélisation n'est pas du prosélytisme

 

La prière, "matière première de l’annonce"

Rechristianiser la France, est-ce l’enjeu de la mission et de la Semaine missionnaire mondiale ? "En aucun cas, répond Raphaël Bordes, et il faut se garder de voir l’évangélisation comme une forme de prosélytisme. Ce qui compte c’est la conversion des cœurs. Allons-y modestement, avec ce que l’on est et nos convictions et laissons-nous toucher aussi par celles et ceux que nous rencontrons."

Être missionnaire, cela suppose d'avoir soi-même une relation intime et nourrie avec le Christ, estime Alicia de Bonnault. "Nous ne sortons dans la rue qu'après un temps de formation et de prière. C’est la base de tout et c’est la matière première de l’annonce. C’est la prière qui rend fécond notre engagement."

 

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