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Histoire de l’Afrique : pour en finir avec “le continent sans histoire”

Un article rédigé par Tom Baraffe - RCF, le 12 octobre 2022 - Modifié le 17 juillet 2023
Les Racines du présentL'Afrique a-t-elle une histoire ?

On a souvent dit de l'Afrique qu’elle était "un continent sans histoire", en raison de la rareté des sources et des vestiges. On a aussi cru qu’elle était longtemps restée isolée du reste du monde... Mais aujourd’hui, grâce aux travaux des historiens et des archéologues, on sait que le continent africain a connu de nombreuses civilisations riches et puissantes, qui utilisaient l’écriture…

Carte du continent africain de 1853 ©wikimediaCarte du continent africain de 1853 ©wikimedia

Pour en finir avec l’idée du “continent sans histoire”

 

"L'histoire africaine, ce sont des siècles obscurs." Cette expression a fait son temps, avance d’emblée François-Xavier Fauvelle. "Elle date d'une cinquantaine d'années... une époque où on savait beaucoup moins de choses" sur ce continent, précise-t-il. 

 

Historien et archéologue spécialiste des sociétés africaines, François-Xavier Fauvelle est l’auteur d’un ouvrage de référence paru en 2013, "Le Rhinocéros d'or - Histoire du Moyen Âge africain", dont les éditions Tallandier viennent de rééditer une version augmentée. Cet ouvrage, qui a reçu plusieurs prix, a été traduit en plusieurs langues. Cela dit tout le caractère décisif des propos de l’historien, qui permettent d’en finir avec l’idée d’un "continent sans histoire".

 

Aujourd’hui, "la situation documentaire a beaucoup changé". La découverte des écrits éthiopiens et maliens, par exemple, a contribué à mettre en lumière la période médiévale de l'Afrique. C'est pourquoi le chercheur préfère utiliser l'expression de "siècle d'or" - plutôt que "siècle obscur" - pour parler de l'histoire africaine médiévale. Les sociétés africaines sont aussi perçues comme étant en “harmonie avec la nature”. “C’est une vision romantique” selon l’historien. Il rajoute : “ Elles ont, comme toutes les autres [civilisations], anthropisé par leurs actions le paysage”. C'est-à-dire qu’elles ont exploité les minerais, déboisé des régions pour maîtriser leur territoire.

 

Un manque de transmission écrite ?

 

L’histoire de l’Afrique est restée longtemps méconnue. Est-ce dû au fait que l'écriture n'était pas présente, pour transmettre dans le temps l’histoire de ses civilisations ? François-Xavier Fauvelle réfute cette idée : "On a souvent cette fausse idée que l'écrit n'a pas existé en Afrique." Tout d'abord, les marchands et les savants, la plupart arabes, ont écrit sur les sociétés africaines. "Ils ont raconté des choses, sur les capitales, sur le commerce, sur les dynasties… ", rajoute l'historien.

 

Mais les traces écrites des sociétés africaines ne viennent pas que d'acteurs extérieurs. Plusieurs civilisations africaines ont très tôt utilisé des techniques d’écriture. Ainsi, l'Éthiopie, a "développé, en même temps que le christianisme, une tradition écrite et une tradition manuscrite". C'est pourquoi l'Éthiopie a son propre alphabet encore aujourd'hui. François-Xavier Fauvelle, raconte aussi le cas du Mali qui où, au XVIIe siècle, à Tombouctou, on écrivait en arabe "des chroniques historiques". 

 

Un continent non connecté au reste du monde ?

 

Autre idée largement répandue : l’Afrique serait longtemps restée isolée du reste du monde. En réalité, c’est tout le contraire : elle était "interconnectée", selon François-Xavier Fauvelle, notamment "pour des raisons religieuses" et commerciales. "La chrétienté [africaine] était encerclée, en interaction avec le monde plus large, le monde chrétien plus large, mais aussi le monde islamique", précise François-Xavier Fauvelle. 

 

Au Moyen Âge, les conquêtes musulmanes ont, elles aussi, aidé à créer cette interconnexion avec les sociétés africaines. "Les souverains [africains] eux-mêmes... pratiquaient le pèlerinage" explique François-Xavier Fauvelle. Pour aller jusqu’à La Mecque, la ville sainte de l’islam, il fallait traverser le Sahara pour rejoindre Le Caire, puis passer par le désert arabique. Ce trajet, qui pouvait durer plusieurs années, était l’occasion pour les souverains africains musulmans, la plupart maliens, de faire découvrir leur culture.

 

François-Xavier Fauvelle cite l’exemple de Mansa Moussa, empereur du Mali de 1312 à 1332 (ou 1337). Le pèlerinage à La Mecque qu’il a organisé en 1324, lui a permis d’attirer à Tombouctou de nombreux savants et marchands arabes. Pendant un certain temps, la capitale malienne a fait figure de capitale intellectuelle du monde islamique.

 

 

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