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Hongrie : Viktor Orban peut-il perdre les législatives ?

Un article rédigé par Jean-Baptiste Labeur - RCF, le 1 avril 2022 - Modifié le 1 avril 2022
Le dossier de la rédactionHongrie : Viktor Orban peut-il perdre les législatives?

Le dossier de la rédaction est consacré ce matin à des élections. Mais on ne va pas vous parler de la présidentielle française mais des législatives Hongroises qui ont lieu ce dimanche 7,8 millions de Hongrois sont appelés aux urnes pour renouveler les 199 membres du parlement.

Peter Marki Zay et Viktor Orban face à face Peter Marki Zay et Viktor Orban face à face

Pourquoi s’intéresser aux législatives hongroises ? Au moins pour deux raisons . La première c’est que le vote prévu dimanche sera le premier dans l’Union Européenne depuis le début de la guerre en Ukraine. La seconde c’est que cela fait 12 ans maintenant que Viktor Orban est la tête de la Hongrie avec son parti le Fidezs. C’est le plus ancien dirigeant européen en exercice depuis le retrait d’Angela Merkel. Viktor Orban a dérivé vers un régime semi autoritaire dénoncé par Bruxelles et une grande partie des 27. Régime qu’Orban qualifie lui-même de « démocratie il-libérale », en opposition aux démocraties européennes libérales qu’il considère comme responsable du déclin de l’occident

La grande nouveauté de ce scrutin c’est que l’opposition part rassemblée pour la première fois.

Avec un leader unique pour les 6 partis allant de l’extrême droite à la gauche écologistes. En octobre dernier une primaire ouverte avait désigné, un peu à la surprise générale, Peter Marki Zay 49 ans maire de la petite ville de Hodmezavasarhely.

« A ses débuts il était au Fidezs puis s’en est éloigné quand le parti est devenu nationaliste. Peter Marki Zay est un homme d’affaire qui a travaillé notamment au Canada. Il se défini comme chrétien-démocrate mais il est libéral et pro-européen » explique Jacques Rupnick, enseignant à Science Po Paris et spécialiste de l’Europe centrale.

On a donc un duel entre deux candidats qui se revendiquent chrétien démocrates, mais sur deux ligne complètement différentes. Peter Marki Zay, catholique pratiquant, père de 7 enfants se dit par exemple opposé au divorce ou à l’avortement, à titre personnel, mais il défend les droits de la minorité des Roms ou des personnes LGBT. Et il se positionne aussi sur la corruption analyse Patrick Martin Genier professeur à Science Po Paris spécialistes des questions européennes :

« Peter Marki Zay a une image d’honnêteté car le le Fidezs de Viktor Orban est suspectés d’être corrompus et d’avoir détourné des fonds de l’UE pour ses proches ».

Le gendre d’Orban par exemple fait partie de cette oligarchie hongroise dénoncé par l’opposition.

Est-ce que tout cela sera suffisant pour battre Viktor Orban ?

Ce n’est pas certain. Pour le moment le premier ministre sortant est encore devant dans les sondages, avec deux points d’avance en moyenne. Un faible écart mais qui lui donnerait la majorité si on en restait là. Il faut dire que Victor Orban et le Fidezs pratiquent un clientélisme à large échelle dans le pays. Mathieu Boisdron est rédacteur en chef adjoint du Courrier d’Europe centrale et chargé de cours à l’Université de Nantes.

« Viktor Orban est solide sur sa base électorale, qu’il recrute dans la classe moyenne supérieure à qui il a offert les fruits de la croissance. Mais aussi sur des électeurs plus captifs dans des campagnes. Des populations marginalisées qui dépendent des emplois publics offerts par les communes tenues par le Fidez. C’est une façon de s’accorder les bonnes grâces d’un électorat qui ne peut que compter que sur les moyens de subsistances offert par l’Etat ».

Les dix communes les plus pauvres du pays avaient voté à plus de 90% pour Orban lors des dernières législatives. Viktor Orban peut aussi compter sur les minorités Hongroises dans les pays voisins à qui il avait accordé la citoyenneté. Ça ne représente que deux sièges mais qui pourraient être décisif si le scrutin est serré.

L’autre atout de Viktor Orban, c’est les médias.

Il y a peu de journaux indépendants en Hongrie et avec une diffusion limitée. Le premier ministre sortant a organisé le contrôle des médias publics et privés. Ce qui ne laisse que des miettes à l’opposition. Enfin la guerre en Ukraine est venue perturber la campagne. Viktor Orban a toujours été proche de la Russie et de Vladimir Poutine. Orban n’hésite pas à dire qu’avec lui c’est la paix assurée et qu’avec l’opposition ce sera la guerre.

« Il a tenté de rassurer les Hongrois qui se fournissent à 85% en gaz russe.  Sa position est de modérer les sanctions européennes sa solidarité avec l’UE est limitée » estime Patrick Martin Genier.

Une campagne électorale inéquitable et influencée par la guerre. Si l’opposition l’emporte ce sera une vraie révolution en Hongrie. Mais même si Orban n’obtient qu’une majorité simple sans avoir les deux tiers du parlement comme aujourd’hui, ce serait un échec pour lui, car cette majorité des deux tiers permet les modifications constitutionnelles. Enfin preuve que ce scrutin est ultra-sensible, l'OSCE va envoyer environ 240 observateurs. D’habitude c’est seulement une dizaine pour des pays de l’UE.

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le dossier de la rédaction
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