Pour les 25 ans de la Faculté Notre-Dame et les 40 ans du Séminaire de Paris, Mgr Rafic Nahra s'est vu décerné jeudi 27 mars par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, le titre de docteur honoris causa de la Faculté Notre-Dame. À cette occasion, l'évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem s'exprimera sur son parcours et ses recherches. Il a vécu 17 ans à Jérusalem de 2004 à 2021 et habite désormais à Nazareth. Il a donc une très grande connaissance de la région. Il est aujourd'hui au micro de Louis Daufresne, pour témoigner de la situation à Gaza.
Monseigneur Rafic Nahra est ordonné prêtre en 1992. En 2022, il est ordonné évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem où il a vécu pendant 17 ans. Il habite maintenant à Nazareth. Il connait donc mieux que quiconque les fragilités religieuses et leurs difficultés dans la région.
Au Proche-Orient vit une multitude de peuples. Cette région du monde abrite les trois religions du Livre, c'est-à-dire le christianisme, le judaïsme et l'islam. Ainsi que les villes saintes de ces trois religions : Jérusalem, la Mecque et Nazareth. Au Proche-Orient, la religion majoritaire est l'islam, cependant, on y trouve également des chrétiens comme en Syrie, en Arménie, en Israël.
Beaucoup de chrétiens en Israël veulent partir, veulent sortir du pays
Nazareth est la plus grande ville arabe d'Israël, où règne une grande violence. "Il y a un phénomène probablement lié surtout à la violence au sein de la société arabe en Israël, qui fait que beaucoup de chrétiens veulent partir, veulent sortir du pays. Ou ils quittent les villes arabes pour aller vivre dans des villes mixtes", explique Mgr Nahra, l'évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem. Haïfa est une ville mixte, où la sécurité est plus présente et dans laquelle vivent des Arabes, des Juifs israéliens.
La guerre entre Israël et la Palestine n'a fait que renforcer les incertitudes et les instabilités entre les peuples dans la région. Cependant, au-delà de Gaza, il ne faut pas oublier la Cisjordanie, car elle est aussi touchée par de nombreuses violences. "Le gouvernement israélien ne freine pas ses violences, au contraire, il semble les favoriser, se désole Mgr Nahra. Il faut chercher la paix. On a besoin de vraies décisions qui arrêtent tout ça pour qu'on puisse repartir", poursuit-il.
Il faut chercher la paix. On a besoin de vraies décisions qui arrêtent tout ça
pour qu'on puisse repartir
De son côté, l'Église prêche l'arrêt de la violence en aidant à la fois les chrétiens et les musulmans. "Nous aidons les chrétiens et beaucoup de musulmans. On essaie d'être un facteur de rapprochement", relate l'évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem.
Mercredi 26 mars, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN) et Marion Maréchal Le Pen, ont décollé pour Israël. Jordan Bardella a donné jeudi 27 mars une conférence sur l'antisémitisme organisée par le gouvernement israélien.
Cette venue du RN en Israël ne fait pas l'unanimité, elle divise. "J'espère que les gouvernements d'extrême droite changent leur position ou en tout cas agissent pour qu'il y ait moins d'antisémitisme, explique Mgr Nahra. Je crains en réalité qu'en Europe et dans le monde cette guerre entre Israéliens et Palestiniens ait des conséquences sur les juifs, tout simplement, ou les musulmans."
Il y a l'idée qu'Israël est "la tête de pont de l'Occident" dans un monde arabe gangréné par l'islamisme. Dans cette optique, l'intérêt des Occidentaux est d'être solidaire de la cause israélienne contre le terrorisme islamiste. Cette visite du Rassemblement national s'y inscrit. Cependant, "il faut éviter les schémas simplificateurs. Dans cette guerre-là, on ne peut pas dire qu'il y a un côté qui a tout à fait raison et l'autre qui a tout à fait tort", affirme l'évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem. "Israël doit aussi faire des pas, reconnaître l'existence et le droit des 5 millions de Palestiniens qui vivent dans les territoires et à Gaza, le droit à l'autodétermination, à la liberté de mouvement, à la dignité", relate-t-il.
Il faut supporter tous les hommes de bonne volonté, qu'ils soient Palestiniens,
qu'ils soient Israéliens
Dans ce cas précis, l'Europe doit soutenir Israël dans cette démarche de reconnaissance des Palestiniens vivant à Gaza. "Il faut supporter tous les hommes de bonne volonté, qu'ils soient Palestiniens, qu'ils soient Israéliens. Il ne s'agit pas d'être avec les uns contre les autres en bloc, mais il faut qu'il y ait en même temps une justice minimale pour que la situation arrive mieux", conclut monseigneur Racif Nahra.
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