
Bretagne
Les crues historiques en Bretagne, illustrent à nouveau l’importance de la gestion et de la prévention des inondations en France. Le phénomène est amené à s’amplifier avec le changement climatique et implique l'adaptation des territoires.
Après Éowyn et Herminia, la dépression Ivo a apporté de nouvelles précipitations sur la Bretagne mercredi. Trois départements sont toujours pour "crues". Météo-France maintient ce jeudi en vigilance rouge les départements d'Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique et du Morbihan. La région connaît des inondations historiques. Entouré de rivières, de marais et d'un canal, le secteur de Redon, en Ille-et-Vilaine, est particulièrement touché.
"La situation est tout à fait exceptionnelle et manifestement, dépasse l'histoire connue" déclarait François-Noël Buffet, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, en visite mardi à Rennes.
"Un certain nombre de références qui dataient de 2001 sont largement dépassées, parfois de 1981 et même de 1966. Des milliers d'hectares de terrain sont couverts d'eau" confirme, le président du Conseil général d’Ille et Vilaine, Jean-Luc Chenut.
L’enchaînement des perturbations pluvieuses en cette saison n’est pas inédit pour la Bretagne. Mais après, 15 mois très arrosés les nappes phréatiques affichent des niveaux élevés. Ils étaient déjà très hauts en Ille-et-Vilaine avant même les dernières tempêtes. Avec les nappes saturées, l’eau s’infiltre moins et cela contribue à amplifier les crues en surface. Comme cela s’était produit dans les Hauts de France en 2023 et 2024.
Depuis un an et demi les phénomènes se sont enchainés en France comme le 17 octobre 2024 en Auvergne Rhône-Alpes avec là aussi des pics de crues historiques. Combiné à l’urbanisation ou la perte du bocage en milieu agricole, les effets du changement climatique se font également sentir dans la fréquence de ces évènements. "Avec le changement climatique les sécheresses comme les inondations vont probablement être plus intenses et plus fréquentes. Il faut s'y préparer. Mais cela va se manifester de façon différente selon les territoires" explique Marie Evo, directrice du centre européen de prévention du risque d'inondation.
La Caisse centrale de réassurance estime que les sinistres liés aux inondations pourraient quasiment doubler à l'horizon 2050.
Auparavant, on parlait de crue décennale ou centennale pour mesurer statistiquement la possibilité d’une crue majeure. "On ne pourras plus se baser sur ces projections du passé" estime Marie Evo. "Mais on a les outils pour prévenir le risque d'inondation. On sait travailler sur un meilleur aménagement du territoire et de nos villes".
Agir sur les inondations peut prendre plusieurs formes comme réduire le flux de la crue en stockant une partie des volumes. "Ce n'est pas toujours possible, soit en raison de la géographie ou parce qu'il y a des personnes qui sont installées dans les zones qui pourraient être remplies" précise Thomas Adeline expert du risque d'inondation qui accompagne les collectivités locales. D'autres options cherchent à contenir l’eau avec la construction de digues de protection, enfin certaines pistes passent par un retour de la nature en dés artificialisant les sols ou en renaturalisant les cours d’eau. "Quand une rivière a été très artificialisée, on peut la recalibrer, l'élargir. Cela peut permettre de rétablir un écoulement et d'éviter des débordements. Mais ce sont des travaux lourds et chers" explique Thomas Adeline.
Depuis 2015, les intercommunalités ont dans leurs compétences la gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations. Elles travaillent déjà à la prévention de l'inondation : "mais ce qui est compliqué du point de vue des collectivités, c'est d'arriver à croiser toutes ces politiques publiques et à anticiper la prévention de l'inondation, tout en développant le territoire" souligne la directrice du Cepri. "Et souvent, lorsqu'on n'a pas été inondé depuis longtemps, on met la prévention en bas de la pile".
La prévention des crues n’est aussi pas la même dans le Nord de la France que dans le Sud où les épisodes sont plus violents mais plus court. Mais il faut aussi des fonds pour assurer ce travail d'adaptation aux crues et d’accompagnement des habitants pour créer une culture du risque.
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