Selon une étude d'impact réalisée par le Centre de droit et d’économie du sport, les Jeux Olympiques et Paralympiques devraient rapporter 9 milliards d’euros à l’économie française. Le tourisme devrait représenter environ 2 milliards d’euros. Mais les professionnels du tourisme ne s’attendent pas à des recettes exceptionnelles.
"Il reste de la place dans les hôtels, on doit être en 60 et 70 % de taux d’occupation pour la première semaine des JO", assure Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), on a une capacité hôtelière suffisante pour accueillir des évènements comme celui-ci contrairement à ce qu’ont pu laisser croire des plateformes qui ont véhiculé qu’il y allait avoir une pénurie et qui ont laissé croire aux parisiens qu’ils pourraient faire fortune en mettant leurs logements à louer pendant ces jeux."
En conséquence d’une large offre encore disponible, les prix sont en train de baisser : "il y a près d’un an, on parlait de chambres qui avaient triplé, ce n’est plus le cas aujourd’hui, on est sur des tarifs de 270 € pour le 26 juillet, actuellement les tarifs sont raisonnables", observe David Zenouda en charge des JO pour l’Umih.
Selon Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée du tourisme, les Jeux Olympiques et Paralympiques devraient tout de même attirer plus de 16 millions de visiteurs cumulés. En comparaison, durant l’été 2023, 9,9 millions de touristes se sont rendus dans la capitale selon l’office du tourisme de Paris. Pour Véronique Siegel, il faut comparer cette période à une période événementielle plus qu’à un été classique : "on aura sur la période des JO des tarifs qui correspondent à des périodes chargées sur la capitale, il faut comparer la période des JO avec les soirs de matchs de la coupe du monde de rugby ou de la Champions League ou avec un gros salon."
Mais certains touristes éviteront aussi Paris à cause des JO, c’est l’effet d’éviction. Le Centre de droit et d’économie du sport estime à 22 % cet effet d'éviction pour les touristes, mais il est par nature difficile à estimer. Il peut aussi s’étendre aux résidents de la ville. "C’est une éviction du tourisme, mais aussi des résidents, explique Jean-Loup Chappelet (professeur honoraire de management public à l’Université de Lausanne, et rédacteur d’un article universitaire sur l’impact touristique des Jeux Olympiques), on l’a très bien vu à Athènes pendant les jeux de 2004, il y a eu un effet d’éviction très important, non seulement relativement peu de touristes sont venu, mais en plus les résidents sont parti. C’est-à-dire que l’impact économique normal des résidents qui sont là, qui consomment, qui vont au supermarché ou au café, a disparu pendant la durée des Jeux Olympiques."
Les visiteurs olympiques sont là pour le sport, ils ne vont pas voir le Louvre.
Au sein du secteur touristique, tous les commerces et attractions touristiques ne devraient pas tous profiter de manière homogène de ce surplus de visiteurs. Les visiteurs olympiques ont un programme bien distinct des touristes traditionnels. "À part les hôtels, les restaurants et les transports, tous les commerces vont être perdants. Les attractions touristiques comme les musées ou les parcs d’attractions vont avoir une fréquentation très faible. Tout simplement parce que les visiteurs olympiques sont là pour le sport, ils ne vont pas voir le Louvre. Cette éviction des attractions touristiques habituelles a été constatée à Londres avec le business des comédies musicales. Par exemple, le spectacle Mamma Mia qui joue depuis 20 ans dans les théâtres londoniens était à moitié vide pendant les jeux", détaille Jean-Loup Chappelet.
Les professionnels du tourisme regardent aussi au-delà de l’été, pour eux le plus grand impact touristique sera à long terme grâce à la forte exposition médiatique de la capitale dans le monde entier. David Zenouda en est convaincu "ça reste toujours un attrait touristique de voir ces lieux qu’on a vu vivre pendant deux fois 15 jours. Quand vous allez avoir par exemple la remise des médailles sur le parvis du Trocadéro avec la Tour Eiffel derrière, je pense que c’est la plus belle publicité que l’on puisse faire pour notre ville." Mais les économistes relativisent, pour eux cet effet de long terme reste très difficile à mesurer.
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