Le mardi 21 mars, c’est la journée internationale des forêts. L'occasion de faire savoir au grand public que les forêts peuvent être de réels pièges à carbone. Et donc qu'elles peuvent nous aider contre les émissions de gaz à effet de serre et le changement climatique. Encore faut-il savoir les gérer ! Les spécialistes déplorent justement une mauvaise gestion des forêts en France.
Comment ne pas s'inquiéter devant les mégafeux qui surviennent chaque été depuis quelques années ? Certes, ils marquent les esprits et font avancer la prise de conscience sur le changement climatique. Pourtant, il semble difficile de mobiliser le grand public sur l'avenir des forêts françaises. Les spécialistes peinent parfois à faire naître des discussions.
L’idéal serait de laisser la végétation tranquille. Les animaux aussi.
On entend souvent dire que "la nature va bien parce que la forêt progresse" : dans les faits, les choses sont différentes ! "La surface boisée progresse, mais la quantité se fait au détriment de la qualité", explique Johannès Herrmann. Naturaliste et ornithologue à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) depuis 20 ans, il constate que l’augmentation de la surface boisée en France ne s’accompagne pas d’une abondance d’oiseaux, au contraire. La forêt par définition, c'est un lieu "qui n’est pas celui de l’homme", rappelle Johannès Herrmann, c’est "le lieu de la diversité en structure verticale", qui mêle champignons, arbres, bactéries, insectes, oiseaux, etc.
Pour que les forêts soient de réels "pièges à carbone", de véritables réservoirs de biodiversité et de bons régulateurs d'humidité, il faudrait "créer des grandes forêts qui redeviendraient primaires". Une forêt est un espace qui se développe en effet sans l’intervention de l’homme. Dès que l'être humain en fait un outil, qu’il plante ou qu’il y fait du feu, la forêt cesse d’être primaire. Toutefois, Annik Schnitzler professeure honoraire d’écologie forestière à l’Université de Lorraine et chercheuse associée au Muséum d’histoire naturelle, pointe du doigt la "limite floue" entre forêt primaire et forêt secondaire. Selon elle, une forêt qui va bien est une forêt avec de "très anciens et très gros arbres, d’un diamètre de plus d’un mètre". Ce sont précisément ces arbres qui ont le rôle de dissipateurs de chaleur en période de sécheresse, notamment en humidifiant les sols.
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"L’idéal serait de laisser la végétation tranquille. Les animaux aussi. Et on devrait instruire les gens : si on n’explique pas, on ne comprend pas." Ce sont, selon Annik Schnitzler, les actions clés pour préserver ces espaces. Comme Johannès Herrmann, elle déplore une mauvaise gestion des forêts françaises. "La majorité de notre forêt est privée, et on vise un rendement économique maximal", souligne Johannès Herrmann. Or, la forêt est "l’écosystème le plus performant sur la planète pour capturer l’énergie solaire grâce à la canopée des arbres", ajoute Annik Schnitzler.
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