Avec la contestation agricole observée à l’échelle de l’Europe, les élections européennes semblent bel et bien lancées. Importations ukrainiennes, accumulation des normes et baisse du pouvoir d’achat du secteur, la filière agricole européenne est dans l’attente de réponse. Marie Toussaint, députée européenne et tête de liste écologiste est l’invitée de la matinale.
La colère européenne ne faiblit pas. Les agriculteurs français ont pris la route pour Paris en début de semaine. Une fronde largement suivie à l’échelle européenne et où plusieurs agriculteurs ont déjà le regard tourné vers Bruxelles. À six mois des élections européennes, la réforme de la politique agricole commune apparaît comme l'enjeu majeur du scrutin.
En dix-huit mois, seize pays européens ont été touchés par une mobilisation agricole d’ampleur, preuve de la crise que traverse l’Union européenne. En cause : le pacte vert, une ambition environnementale européenne, bien loin des réalités agricoles. L’accumulation de normes en faveur de la biodiversité semble être le sujet central des revendications agricoles de l’Europe de l’Ouest. “Ce n’est pas une question de normes”, réfute pourtant Marie Toussaint qui admet cependant bien volontiers qu’“il y a trop de papiers à remplir”. Néanmoins, le vrai problème, selon elle, ce sont les agriculteurs qui “en ont assez d’être mis en concurrence avec d’autres agriculteurs hors de leurs frontières, et qui produisent avec des normes différentes”.
Les agriculteurs en ont assez d’être mis en concurrence avec d’autres agriculteurs hors de leurs frontières.
En d’autres termes, les agriculteurs européens travaillent différemment des agriculteurs amérindiens et en sont pénalisés. L’ouverture des négociations autour d’un traité de libre-échange avec les pays du Mercosur et notamment le Brésil n’irait ainsi pas ainsi dans le sens des demandes paysannes européennes. En réponse, Marie Toussaint propose plutôt des “aides immédiates” versées aux agriculteurs. “Le gouvernement a annoncé une aide de 50 millions d’euros d’aides pour la bio”. Ce n’est pas suffisant. “Il en faudrait 250 millions. On n’y est pas”, affirme la tête de liste écologiste aux Européennes.
“Il faut garantir une visibilité sur le revenu des agriculteurs pendant trois ans, de sorte à leur permettre d'engager la transition”, défend Marie Toussaint. Pour cela, elle veut transformer en profondeur ce qui constitue l’agriculture commune européenne : la PAC. “Ce sera la première grande réforme de la mandature”, promet-elle. “Les élections du 9 juin prochain détermineront quelle PAC nous mettrons en œuvre”, explique celle qui appelle les Européens aux urnes dans moins de six mois.
Il faut une PAC juste et saine pour les écosystèmes et pour la santé des agriculteurs.
Selon l’eurodéputée, il faut “une PAC juste” et “saine” à la fois “pour les écosystèmes” mais aussi “pour la santé des agriculteurs”. Pour cela, elle se dit prête à changer le modèle de répartition de cette politique publique. “Cesser d’avoir une PAC qui rétribue toujours plus les plus grands et toujours moins les plus petits”, ambitionne Marie Toussaint. Enfin, la députée européenne propose “de relocaliser et de régionaliser tout ce qui est de l’ordre de la politique agricole” et assure que “le bon échelon pour agir est au niveau européen”.
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