Cette semaine, des agriculteurs un peu partout en France, ont manifesté leur opposition au Mercosur. La classe politique, de tous camps, se mobilise à son tour pour dénoncer l’accord de libre-échange. Tous les secteurs d'activité ne sont pas à égalité face à l'accord. Ni tous les pays européens. Quelle place occupe la France parmi eux ? Parvient-elle à faire entendre sa voix discordante ?
Pour Marine Colli, consultante spécialiste de la politique commerciale de l'Union européenne, la France a ses chances de peser dans la renégociation.
Le débat actuel sur l'accord commercial entre l'Union Européenne et les pays du Mercosur suscite d'importantes préoccupations parmi les agriculteurs français. Marine Colli souligne que cet accord semble désavantageux pour la majorité des agriculteurs français, bien que certains secteurs tels que les fromagers ou les viticulteurs pourraient tirer des bénéfices potentiels grâce à l'exportation.
Du côté industriel, certains secteurs en Europe, comme l'automobile et la chimie, se montrent plus enthousiastes, voyant une opportunité de ne pas laisser les marchés sud-américains aux géants américains et chinois.
Cette divergence de vue entre agriculture et industrie crée une fracture au sein des pays européens, selon la spécialiste. Notamment entre la France et l'Allemagne, qui soutient fermement l'accord.
L'industrie qui bénéficierait à plein de cet accord serait l'industrie automobile, plutôt allemande. C'est une des raisons qui expliquent la détermination de l'Allemagne à aller au bout de ces négociations.
L'enjeu pour la France est d'autant plus crucial qu'elle a encore les moyens de peser sur l'issue des négociations. “ Le vote est encore à l'unanimité des États membres, explique Marine Colli. Donc la France dispose d'un droit de véto, et devrait activer ce véto pour le bloquer.”
La stratégie actuelle du président Emmanuel Macron vise à construire une coalition de blocage avec d'autres pays européens partageant des préoccupations similaires pour freiner l'adoption du traité. Bien qu'il y ait aujourd'hui une majorité de membres de l'UE en faveur de cet accord, l'équilibre pourrait changer selon la spécialiste.
De plus en plus de pays émettre des doutes sur la compatibilité de cet accord avec les grands enjeux européens en matière de souveraineté alimentaire et en matière de transition écologique.
Les préoccupations majeures entourant cet accord ne se limitent pas à des questions purement économiques. Elles incluent aussi des considérations sur la durabilité des modèles agricoles, les normes environnementales et sanitaires, ainsi que la transition écologique.
La problématique dépasse le cadre du Mercosur et reflète les choix stratégiques plus larges concernant l'avenir de l'agriculture et de l'industrie françaises. Pour Marine Colli, il y a un choix à faire :
Soit on décide d'entrer en plein dans la mondialisation et de ne pas protéger notre économie. Soit on décide d’accompagner la transition écologique, en conservant notre modèle agricole familial
Cet accord commercial pose des questions sur le positionnement économique et écologique que la France souhaite adopter à l'avenir. Tout en restant solidaire des politiques européennes. En somme, il faut apprendre à ménager la chèvre et chou.
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