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La Nouvelle-Calédonie pourrait-elle devenir indépendante?

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF, le 20 mars 2018 - Modifié le 10 septembre 2024
Le dossier de la rédactionLa Nouvelle-Calédonie pourrait-elle devenir indépendante?

Le 4 novembre prochain se tiendra le référendum concernant l'indépendance de l'archipel de Nouvelle-Calédonie. Retour sur le contexte et les enjeux de cette possible indépendance.

Vue aérienne de l'université de Nouvelle-Calédonie, à Nouméa. CC BY-SA 2.0Vue aérienne de l'université de Nouvelle-Calédonie, à Nouméa. CC BY-SA 2.0

Territoire situé à 16 000 kilomètres de la métropole, la Nouvelle-Calédonie est française depuis 1853. L'archipel est déjà doté d'une large autonomie, mais pourra décider, le 4 novembre prochain, de rester français ou de jouir d'une pleine souveraineté.

Pourquoi ce référendum ?

Dans les années 1980, des tensions éclatent sur le Caillou entre les opposants et partisans de l’indépendance. Kanaks et loyalistes s’affrontent jusqu’à cette historique prise d’otages de gendarmes par des kanaks dans la grotte d’Ouvéa en 1988. L’assaut final termine dans un bain de sang. 19 indépendantistes et deux militaires sont tués. C’est après cet épisode dramatique que vont commencer des négociations entre les deux camps et leurs dirigeants. Elles déboucheront sur les Accords de Matignon-Oudinot. Ces accords, signés en 1988, prévoyaient déjà l’organisation d’un référendum en 1998. Mais l’archipel a préféré repousser cette échéance avec les accords de Nouméa signés en 1998. L’Île gagne alors plus d’autonomie mais également la garantie de l’organisation d’un référendum à l’horizon 2018.

Un référendum, donc, qui doit se tenir dans huit mois, mais pour autant, sur place, la population ne semble pas prête à cette échéance, comme l'explique Jean-François Bodin, directeur adjoint de Radio Rythme Bleu à Nouméa : "Plus cette date approche, plus on réalise que les choses n'ont pas été préparées. On ne sait pas encore quelle sera la question exactement posée. L'échéance est certes inévitable, mais on se demande : que va-t-il se passer après?"

Des positions antagonistes

Autour de la table : les indépendantistes, les loyalistes et l’Etat. Et chaque camp peut avoir des  visions différentes de cette marche ou non vers l’indépendance. Du côté des indépendantistes certains veulent se donner les moyens d’y arriver d’autres aspirent à une souveraineté immédiate comme Rock Wamytan, président du groupe UC-FLKNS au Congrès.

Virginie Ruffenach, secrétaire général du Rassemblement-Les Républicains défend de son côté le maintien de la Nouvelle Calédonie dans la République française. "La Nouvelle-Calédonie ne peut survivre dans cette zone du Pacifique. C'est une question de valeurs, nous partageons les valeurs de la France, même si nous sommes des Français lointains. La France est notre trait d'union, entre l'ensemble des communautés entre Nouvelle-Calédonie. L'archipel est un camaïeu de communautés, et c'est la France qui les lie."

Un corps électoral élargi

Le corps électoral est aujourd’hui évalué à environ 158.000 électeurs. Mais il va être élargi. Les députés s’apprêtent justement à voter aujourd’hui dans les mêmes termes que les sénateurs le projet de loi organique précisant les modalités du scrutin. Ce texte favorise l’inscription de 11 000 natifs de Nouvelle Calédonie. In fine ce sont donc environ 170 000 électeurs, sur près de 280 000 habitants qui seront appelés aux urnes.  Mais si cette équation était importante pour les parties, elle ne devrait pas suffire à faire basculer une île qui semble plutôt favorable au statu quo. Selon Frédéric Angleviel, historien, spécialiste de la Nouvelle-Calédonie le non à l’indépendance l’emporterait à 60%, les indépendantistes obtiendraient 40% des suffrages. 

En cas de vote négatif, une seconde, puis éventuellement une troisième consultation pourraient être organisées. A l’issue de deux votes négatifs, un nouvel accord sera cependant négocié. En attendant, un comité des Sages a été mis en place par Edouard Philippe. Il s’agit d’un groupe de personnalités « reconnues, respectées et représentant la diversité calédonienne » qui sera chargé de garantir l’intégrité de la campagne pour le référendum.

Parmi ces personnalités figure le père Rock Apikaoua, vicaire général du diocèse de Nouméa. Il faut dire que les catholiques sont présents dans toutes les composantes de la société calédonienne. Monseigneur Calvet l’archevêque de Nouméa, rappelle que l'Eglise ne prend pas position. "Il n'y a pas de réponse catholique à la question du référendum. Le rôle de l'Eglise est d'accompagner la recherche du vivre-ensemble, d'éclairer la route par les valeurs spirituelles qu'elle promeut. Elle est en contact étroit avec toutes les composantes de la société calédonienne."

De nombreux défis à relever

Si le 4 novembre prochain le oui l’emportait contre toute attente, les défis seraient nombreux à relever pour la Nouvelle-Calédonie encore bien dépendante de l’Etat français. Après le vote solennel par les députés du  projet de loi précisant les modalités du scrutin, certains points de la consultation restent à préciser, et pas des moindres puisqu’il va falloir déterminer les termes exacts de la question qui sera posée aux électeurs. Le sujet sera au menu d’une rencontre entre Edouard Philippe et les forces politiques calédoniennes, le 27 mars à Paris. Le Premier ministre a déjà exprimé sa préférence pour une question « simplifiée à l’extrême », avec « une formulation binaire ».

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