Ce 2 septembre, près de 91 000 élèves alsaciens reprennent le chemin de l'école dans un contexte politique instable marqué entre autres par l'absence de ministre nommé à la tête de l'Education nationale.
Parmi les annonces de la ministre démissionnaire pour cette rentrée figure notamment la réforme controversée dite “choc des savoirs” qui répartit les collégiens de la 6e à la 5e pour le français et les mathématiques en groupes de niveaux, rebaptisés “groupes de besoins”.
Une feuille de route que compte bien appliquer Olivier Klein, le nouveau recteur de l'académie de Strasbourg qui fait lui aussi fait ses premiers pas, après sa nomination à ce poste à la fin du mois de juin : “Mon objectif est de mettre en place cette politique nationale à l’échelle de notre territoire alsacien” confiait-il à RCF Alsace.
Mais du côté de l'enseignement catholique, l'engouement est moindre comme l'explique son directeur “peu convaincu” Patrick Wolff : “Les choses n'ont pas été à mon sens suffisamment préparées. Elles ont été annoncées très rapidement, sans vérifier que les moyens suffisants étaient disponibles”. Pour autant, le directeur de l’enseignement catholique assure la mise en place de ses groupes, laissés à la discrétion des chefs d’établissement “avec les moyens dont nous disposerons.”
Parmi les autres grands changements, il faut compter sur le renforcement du programme d’éducation à la sexualité, de l’école maternelle au lycée. Depuis 2002, une loi impose en effet des temps “d’éducation sexuelle et affective”, à raison de trois séances annuelles au collège et au lycée et est largement appliquée depuis plus de 10 ans dans l’enseignement privé catholique. Une avance dont se targue Patrick Wolff qui avoue son étonnement en voyant apparaître une phrase dans le texte officiel du nouveau module qui désire “aider les élèves à devenir des personnes libres et responsables.” Un écho à la théologie du corps bien connue de l’Eglise catholique. Si la mesure ne va “rien” changer au programme de l’éducation affective relationnelle et sexuelle (EARS), elle représente une bonne nouvelle selon Patrick Wolff, signe que “l’enseignement public prend désormais en compte l’élève en tant que personne et pas seulement en tant que citoyen.”
Les élèves et les enseignants qui reprennent les cours ont encore en tête les violences commises aux portes ou au sein de leurs établissements en mai 2024. Afin de prévenir les agressions, l'enseignement catholique d'Alsace a recruté une personne à mi-temps pour travailler sur un programme dit “3-PF”, protection des publics fragiles, qui prévoie les questions de prévention du harcèlement. “Nous essayons vraiment d'être ouverts à toutes les propositions, et nous travaillons à trouver ensemble des chemins pour faire en sorte que les élèves et les adultes vivent ensemble dans le respect dans les établissements” explique Patrick Wolff.
En Alsace, comme ailleurs, le fossé se creuse entre privé et public. Si dans le classement 2024 des meilleurs lycées d’Alsace (basé sur les résultats et non sur la qualité de l’enseignement), les 4 premiers sont des établissements privés catholiques, le premier étant le lycée Jean Sturm à Strasbourg, il faut aller en 7e position pour trouver un établissement public.
Un classement peu du goût de Olivier Klein, lui-même issu de quartiers populaires, ni même de Patrick Wolff qui y voit un danger : “Je ne voudrais pas qu'on soit dans une espèce de logique où l’on choisit l'établissement scolaire pour ses enfants comme on choisit, une voiture pour avoir le meilleur rapport qualité-prix ou la meilleure performance. Ce qu'il faut surtout, c'est bien adapter l'établissement à sa propre conception de l'existence et à ce dont nos enfants ont besoin. Nous essayons d’y répondre dans nos établissements.”
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