Azada Rezaye est installée dans le Morbihan depuis 2023. Réfugiée politique, la journaliste, diplômée de l'université de Kaboul, a connu la terreur avant de fuir le régime des Talibans. Depuis la France, elle raconte le quotidien des femmes et des minorités afghanes et appelle les médias à "ouvrir les yeux".
Cheveux au vent, sourire timide... Azada Rezaye commence par s'excuser "d'un français approximatif" avant, très rapidement, de nous remercier "de lui donner la parole". Car depuis son arrivée en France, en 2023, la jeune femme trépigne à l'idée de reprendre la plume pour raconter... l'irracontable.
Diplômée de l'Université de Kaboul, Azada Rezaye, exerce en Afghanistan le métier de journaliste. En 2017, elle anime, notamment, une émission dédiée aux femmes sur une chaîne de télévision privée. Sa mission : donner la parole aux victimes de violences domestiques et dresser le portrait de femmes inspirantes. "Déjà à l'époque la situation était compliquée, mais nous étions plus libre."
Le retour des Talibans en 2021 fait basculer le pays. "Nos vies ont changé du jour au lendemain." La voix serrée mais le regard droit, Azada Rezaye nous parle "d'une prison à ciel ouvert". La journaliste perd son travail, change d'adresse et se confine dans son appartement de Kaboul. Très vite la fuite s'impose. Mais l'attente du passeport est longue. La journaliste, très critique envers les Talibans, a peur d'être arrêtée et tuée. "Mes parents me demandaient d'être la plus silencieuse possible." Au bout de deux ans elle obtient le document et le statut de réfugiée politique.
Mais même loin, pas question de se taire. "Les femmes ne sont même plus le deuxième sexe. Elles ont perdu leurs droits et n'ont plus la parole. Ce sont des ombres." Une oppression partagée par les minorités ethniques et religieuses. "C'est très grave ce que mon pays vit. Le monde doit ouvrir les yeux."
Depuis la France, la jeune femme appelle les médias du monde à se réveiller. "Les journalistes ont des engagements. Ils doivent raconter la vérité." Un engagement qu'Azada Rezaye compte bien, elle aussi, honorer pour "résister". Et si les sources de désespoir sont nombreuses, la jeune femme garde au fond du cœur le rêve "d'un pays libre". "Les femmes sortent et manifestent contre les Talibans en Afghanistan et ailleurs. Cette mobilisation me donne de l'espoir, des raisons d'y croire."
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