Dans la nuit du 17 au 18 janvier, le Sénat avait voté un amendement pour supprimer les crédits alloués à l’agence Bio. Dans un premier temps, la ministre de l’Agriculture avait jugé cette proposition « pertinente », avant de finalement s’y opposer ce lundi 27 janvier.
L’agence Bio est un acteur central pour la filière biologique. Elle est l'interlocutrice unique des agriculteurs spécialisés, soit 60 000 exploitations dans toute la France. Elle participe au développement de la production biologique dans l’agriculture française, notamment en soutenant les projets financièrement. Enfin, l’agence Bio est chargée de promouvoir auprès des consommateurs l’agriculture biologique.
Mais, dans le contexte actuel de réductions des dépenses de l’État, cette institution était en danger. Pour faire des économies, un amendement avait été déposé par un sénateur Les Républicains (LR). Celui-ci visait les crédits dont bénéficie l’agence Bio et par conséquent son existence même. Ces missions auraient été reprises par un autre opérateur. Cet amendement avait été voté favorablement par le Sénat, et la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, avait d’abord trouvé cette proposition « pertinente ». Une sortie saluée par les acteurs de la filière et notamment la fédération régionale d’agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine.
La fédération avait d'ailleurs lancé une pétition pour lutter contre cette décision. En moins de deux semaines, celle-ci a recueilli plus de 70 000 signataires. Dont certains acteurs politiques locaux, comme Delphine Batho (députée écologiste de la deuxième circonscription des Deux-Sèvres).
Mais ce lundi 27 janvier, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, est revenue sur le sujet. Elle a finalement affirmé à nos confrères de l’AFP que « le gouvernement ne supprime pas l’agence Bio ».
Pour Guy Moreau, président de la fédération régionale d’agriculture biologique en Nouvelle-Aquitaine, cette fermeture aurait été avant tout un choix politique. « Quand on voit l'intérêt de l'agriculture biologique en matière de santé, d’environnement, de biodiversité, d’amélioration de la qualité de l'eau, etc. On ne comprend pas comment on peut mettre en péril l’agriculture biologique. »
Selon lui, cette décision n’aurait pas permis d’économie sur le long terme.
Si on prend le problème de l'eau potable [...] en France, on a évalué à peu près à 30 milliards d’euros par an pour la dépollution de l'eau. Si on met ça en parallèle avec ce que ça pourrait coûter d'aider l'agriculture biologique, je pense que ce n'est aucunement du même montant.
En effet, l’agence Bio compte actuellement 20 salariés et un coût de fonctionnement légèrement inférieur à trois millions d’euros par an (2,9 millions d’euros).
Un timing qui aurait été très mauvais puisque l’agriculture biologique se relève tout juste de trois années compliquées. La demande des consommateurs est de nouveau, « l'inflation a beaucoup perturbé la filière. Aujourd'hui, on est plutôt sur une note un peu plus positive parce que depuis six mois, notamment dans les magasins spécialisés bio, la consommation repart. La production repart elle aussi. Aujourd'hui, on est dans une situation où la demande est quasiment supérieure à l'offre. Ce n'est pas le moment de fragiliser une filière qui est en train de repartir. »
De plus, Guy Moreau rappelle l'engagement de la France en matière d’agriculture biologique. « Il y avait quand même une ambition gouvernementale qui établit de passer à 18% de surfaces agricoles bio utiles d'ici 2030. » Aujourd’hui, seulement 12% des surfaces agricoles utilisées sont bio.
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