Guissény
Les premiers enseignements, après le passage de la tempête Ciarán dans le Finistère, montrent que la prévention en amont et pendant l’événement a été plutôt bonne, grâce à des outils nouveaux. Mais les jours qui ont suivi la tempête ont été plus compliqués, notamment à cause de la faible résilience des réseaux.
L'un des premiers enseignements tirés par la préfecture du Finistère, après le passage de la tempête Ciarán, jeudi, a été le bon fonctionnement, en amont, du système de prévention. « On a connu quelque chose qui était exceptionnel. Mais l’exceptionnel, tant qu’on n’y est pas, on n’y croit pas », a constaté le préfet, Alain Espinasse, le soir du jeudi 2 novembre. « Il ne s’agit pas de considérer comme peu important les dégâts matériels qu’il y a eu, les difficultés de circulation, les problèmes économiques que les exploitants agricoles et les entreprises vont rencontrer dans les jours à venir... Mais sortir d’un truc pareil avec trois blessés légers… On pourrait penser que ça tient du miracle ! »
Un miracle bien aidé par un travail de prévention inédit, en amont... Et d’abord par des prévisions météorologiques précises sur l’intensité de l’événement. « Ces dernières années on a beaucoup investi dans Météo-France, sur des super-calculateurs, un appareillage qui permet de prévoir quasiment à la minute près des événements météorologiques. C’est ce qui nous a permis de beaucoup mieux lire cette tempête qui arrivait », a notamment souligné le président de la République, Emmanuel Macron lors de sa visite à Plougastel-Daoulas, vendredi 3 novembre.
Mais il y a eu aussi le retour d’expérience des tempêtes de 1999, de Xynthia en 2010, et enfin un protocole d’alerte hérité de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen : ces SMS automatiques envoyé par la préfecture du Finistère... Le premier a été envoyé mercredi soir avant le début de l’alerte rouge "vents violents" pour demander aux Finistériens de se confiner chez eux pendant l’événement. Le deuxième a été envoyé le jeudi matin à 6h pour interdire la circulation sur l’ensemble des routes du département dans les heures qui ont suivi le passage de Ciarán. Le procédé a été efficace. « La culture de la sécurité civile commence à rentrer dans l’esprit des gens », s'est félicité Alain Espinasse, jeudi 2 novembre, lors d'une conférence de presse. « Les gens étaient sensibilisés, ce sont finalement abrités chez eux et ont suivi des consignes », salue de son côté le député de la deuxième circonscription du Finistère, Jean-Charles Larsonneur. Et le travail en partenariat serré avec les secours, les forces de l’ordre, le Département, les mairies, la direction des routes ou encore Enedis a très bien fonctionné, a souligné la préfecture.
Pour l’envoi du deuxième SMS, la décision a été prise à peine une heure avant leur envoi. « Il y a eu un moment, vers 3h du matin, où les gendarmes, les pompiers et le service des routes nous ont fait remonter que ce n’était plus possible… Ils continuaient à y aller et à tronçonner au milieu des arbres qui tombaient ! On leur a dit d’arrêter. Assez rapidement les gendarmes nous ont fait remonter que comme ils n’étaient plus sur les routes et que cela tombait de partout, le réseau était en train d’être complètement bloqué. J’ai donc pris la décision à 5h du matin, de prendre une mesure de police générale et d’interdire la circulation sur l’ensemble du département », a raconté Alain Espinasse. Au-delà de la protection des personnes, cet arrêté préfectoral a permis d’avoir beaucoup moins de flux routier et de faire tout de suite intervenir au lever du jour les personnels sur les routes.
L’après-Ciarán a été moins évident. Il y aura aussi des enseignements à tirer de cet événement, en particulier sur la résilience des réseaux. Une semaine après le passage de la tempête, de nombreux foyers sont encore privés d’électricité, de téléphone ou d’internet. « C'est maintenant qu'on doit gérer les conséquences d'un réseau qui montre son peu de résilience », fait remarquer Jean-Charles Larsonneur.
Pour un département comme le Finistère, susceptible de connaître des épisodes venteux extrêmes à l'avenir, en particulier dans un contexte de dérèglement climatique, la question se pose avec acuité... « Nous en parlons déjà avec l’Association des maires du Finistère, les maires ruraux également... Oui, il va peut-être falloir qu'on ait des générateurs, pour avoir des points de communication sur les mairies, à la fois pour recevoir les consignes de la préfecture mais aussi pour communiquer avec les concitoyens… Et avoir peut-être des réseaux de communication un peu différents, par satellite par exemple. Il va falloir qu'on y pense. »
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