Dans son intervention d’hier soir, le président de la République a confirmé ce qu’il avait déjà en partie annoncé dans le Journal du Dimanche dimanche dernier. Emmanuel Macron a fixé un cap donnant ainsi un début de réponse au fort sentiment d’incertitude qui minait les Français. Rien n’est vraiment réglé dans cette crise sanitaire. Le chef de l’État l’a dit. Mais l’urgence ne peut pas durer.
L’horizon se dégage avec une esquisse de calendrier en trois étapes. D’abord, le 28 novembre avec la réouverture très encadrée de tous les commerces, puis le 15 décembre à l’approche des fêtes de fin d’année, une levée du confinement y compris pour les spectacles. Au début de l’année prochaine, pour les sports d’hiver. Le 20 janvier, les restaurants, les salles de sport devraient pouvoir rouvrir. Et les lycées reprendre leur fonctionnement normal, quinze jours avant les universités…
Difficile d’être plus précis pour Emmanuel Macron dans ses annonces que de proposer ce jalonnement des efforts demandés à tous. Mais ce calendrier installe quelques repères.
Plus étonnant, le président de le République n’a pas dit de choses plus ambitieuses ou plus précises sur le recours au télétravail. Ce dispositif reste pourtant central dans la lutte contre la pandémie. Il est fortement encouragé par le gouvernement chaque fois que c’est possible. Il maintient à un niveau acceptable l’activité économique.
Les partenaires sociaux n’avaient pas réussi à s’entendre, lundi soir, autour d’un accord pour en fixer plus solidement le cadre. Beaucoup d’employeurs n’y sont pas très favorables et organisent leur résistance. Au point que les tentations de certaines entreprises d’éviter de recourir au télétravail sont désormais plus fermement combattues par le gouvernement. Il reste donc de sérieuses possibilités de progression - "la plus massive possible" dit Jean Castex - en combattant les réticences.
Le télétravail - obligation de sécurité, mais non obligatoire - n’est bien sûr pas la panacée. La multiplication des expériences a aussi permis de relever quelques conséquences délétères : sentiment d’isolement pour certains, difficultés à pouvoir organiser correctement le travail à son domicile, envahissement de la vie privée par la vie professionnelle, management en surcontrôle... Comme des impacts psychologiques sérieux.
Mais le retour à la normale dans les entreprises n’est à l’évidence pas pour demain. Tant que durera le confinement, même aménagé, ceux qui travaillent chez eux ne retourneront pas au bureau de sitôt. Les transports collectifs et les locaux professionnels sont des espaces à risques potentiels.
Mis en rapport avec les dangers évités en temps de pandémie, ce recours au télétravail a sans doute été très utile. Il a permis tant bien que mal une poursuite significative de l’activité économique. Il a évité de laisser des milliers de projets en stand-by.
Le travail à distance reste au cœur du compromis indispensable entre contraintes sanitaires et maintien du tissu productif. Il évite aussi de creuser un peu plus les déficits. Ce qui en a fait une priorité absolue durant cette crise. Et tant qu’on n’y verra pas plus clair, cette priorité demeurera.
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