Le pape est très attendu à Marseille, les 22 et 23 septembre prochains. Pourtant, il l'a répété, au risque de susciter l'incompréhension parmi les fidèles : il ne vient pas en France, mais auprès des évêques des pays bordant la Méditerranée réunis dans la cité phocéenne. Quelles relations le pape argentin entretient-il avec la France ?
Le pape François l'a bien dit dans l'avion de retour des JMJ : il "n’a rien contre la France". La "fille aînée de l'Église" n'est pas la priorité de ce souverain pontife sensible aux "périphéries". Est-ce aussi simple que cela ? À bien y regarder, les relations entre François et la France apparaissent complexes et plutôt ambivalentes.
Le pape se rend aux Rencontres méditerranéennes et non en France ; il était au Parlement européen en 2014 mais pas à Strasbourg... Des précisions qui ont de quoi étonner les fidèles, quand elles ne suscitent pas l'incompréhension. Son 41e voyage apostolique en Hongrie, en avril 2023, avait pour objectif de "réparer un malentendu" avec les catholiques. Malentendu causé lors de sa venue en septembre 2021, où il avait fait le déplacement pour le 52e congrès eucharistique mondial... mais pas en Hongrie.
Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Le diocèse de Marseille a annoncé le 10 septembre dernier que le pape François irait à la rencontre des habitants, à bord de la papamobile sur l'avenue du Prado. Selon les observateurs c'est au cardinal Jean-Marc Aveline que l'on doit la messe au stade Vélodrome.
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Le 23 septembre, le chef de l’Église catholique rencontrera Emmanuel Macron. Ce sera la quatrième fois que les deux chefs d’État se retrouvent. Le président français a fait le déplacement au Vatican en octobre 2022, novembre 2021 et juin 2018. Les deux hommes - qui ont en commun une formation jésuite - semblent s’apprécier, et même cultiver une bonne entente au dire des observateurs.
Cependant, plusieurs sujets les divisent, comme la question migratoire ou les lois de bioéthique. Mais d’après Le Figaro et France info, si la présentation du projet de loi sur "l’aide active à mourir" prévue le 21 septembre, a été reportée à la fin du mois, c’est en raison de la visite du pape François... Le journal La Croix a annoncé, ce mercredi 13 septembre, qu'Emmanuel Macron assisterait à la messe au stade Vélodrome.
Avec les catholiques de France, le pape François entretien des relations ambivalentes. Alors que notre pays avait été le plus visité par Jean-Paul II, après la Pologne, pour François, la France n’est pas une priorité. Car la "fille aînée de l’Église" ne fait pas partie de ce que le pape nomme les "périphéries". Le pape François ne cache pas son admiration pour des Français comme Blaise Pascal, qui "mériterait" selon lui d’être béatifié – il a publié en juin dernier une lettre apostolique sur le philosophe. Il a aussi canonisé Charles de Foucauld en mai 2022.
Que dire des relations du pape François avec le clergé français ? Fait marquant dans l’histoire récente de l’Église catholique en France, la publication du rapport de la Ciase a, semble-t-il, creusé l’ambiguïté. Si l’Église de France a reconnu le "caractère systémique et la responsabilité institutionnelle de l'Église", une telle démarche paraît impossible de la part du chef de l’Église catholique.
Il y a aussi le cas du diocèse de Fréjus-Toulon. Fait rarissime dans l’histoire de l’Église au dire des spécialistes, les ordinations sacerdotales ont été suspendues en juin 2022, sur décision du Vatican. Depuis, aucune ordination n’a été célébrée par l’évêque Mgr Dominique Rey.
Reste enfin la question des traditionalistes. Le motu proprio Traditionis custodes (en juillet 2021), qui limite le rite extraordinaire de la messe, a suscité de vives réactions. En particulier dans l'Hexagone, où les fidèles attachés à la messe en latin représentent une tendance minoritaire mais en expansion. C’est d’ailleurs en France qu’a eu lieu le schisme avec les traditionalistes du mouvement lefebvriste en 1988 - le dernier schisme de l’Église catholique.
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Du côté des fidèles catholiques, la vision que l'on a du pape semble ambivalente. Pour beaucoup, il incarne une forme de simplicité évangélique et une attention à l’autre. Les changements qu’il initie au Vatican, notamment en réponse à la crise des abus, semblent avant avancer trop lentement aux yeux de certains. Selon d’autres, ce pape jugé révolutionnaire en fait trop jusqu'à porter atteinte à l’institution. Vraisemblablement, la "Françoisphobie" - selon le titre d'un ouvrage de l'historien Yves Chiron (publié aux éditions du Cerf en 2020) - trouve un certain écho en France.
Lors des dernières JMJ de Lisbonne, on a pu établir un paradoxe. Celui d’une jeunesse française venue nombreuse acclamer le souverain pontife. Or dans un sondage publié par le journal La Croix, seuls 18% des jeunes sondés qui prévoyaient de participer aux JMJ se disaient "très en affinité" avec les orientations que le pape François donne à l’Église. En sera-t-il de même parmi les fidèles qui assisteront le 23 septembre à la messe présidée par le pape argentin au stade Vélodrome ?
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